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4 janvier 2017 3 04 /01 /janvier /2017 10:27

Vincent Peillon, en course dans la primaire du parti socialiste pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle, vient - après tant d'autres - de mettre en parallèle la situation des musulmans en France aujourd'hui, avec celle des juifs sous l'occupation allemande : « Certains veulent utiliser la laïcité - ça déjà été fait dans le passé - contre certaines catégories de population, c'était-il y a 40 ans les juifs à qui on mettait des étoiles jaunes. C'est aujourd'hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu'on amalgame souvent avec les islamistes radicaux. C'est intolérable. »

 

Comme toujours, il convient de revenir aux faits pour se rendre compte du caractère non seulement odieux, mais dénué de tous sens, de cette mise en parallèle.


Sous l'occupation, les juifs installés en France n'ont pas été "stigmatisés", ils ont été - dans un premier temps mis au ban de la société par le biais des "statuts des juifs" ; ils ont été ensuite, par dizaine de milliers, arrêtés, raflés - par la police française en grande partie - déportés vers les camps d’extermination, gazés, brûlés, y compris les enfants à la demande du gouvernement français de l'époque.

 

Les statuts des juifs (applicables en France métropolitaine et à l'Algérie, aux colonies, pays de protectorat, en Syrie et au Liban) prévoyaient :

- l'interdiction aux juifs de l'accès et de l'exercice de certaines fonctions publiques et de certains mandats ;

- l'ouverture sous condition de l'accès et de l'exercice à toutes les autres fonctions publiques ;

- l'interdiction d’exercice de certaines professions (directeurs, gérants, rédacteurs de journaux, revues, agences ou périodiques, par exemple…) ;

- l'interdiction de faire partie des organismes chargés de représenter les professions interdites ou d’accès limité ;

- l'éviction de la fonction publique des fonctionnaires juifs ;

- l'exercice sous condition de plusieurs métiers : profession libérale, profession commerciale, industrielle ou artisanale, ou profession libre, être titulaires d'une charge d'officier public ou ministériel, ou être investis de fonctions dévolues à des auxiliaires de justice.

 

Même si - avec effort et souffrance - on écarte du raisonnement le nombre de juifs français exterminés (75 000 être humains...), quel parallèle peut-on honnêtement établir entre le sort des juifs français sous l'occupation et celui de nos compatriotes musulmans aujourd'hui ?

 

Aucun... fort heureusement.

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9 novembre 2016 3 09 /11 /novembre /2016 09:36

L'adulation médiatique dont a fait, et fait encore, l'objet Barack Obama, a masqué une réalité dont on n'est pas près de mesurer les répliques télluriques dans la géopolitique internationale.

 

La pusillanimité sans précédent de ce président a réduit à peu la force dissuasive qui réside dans la personnalité de chaque président - tout particulièrement américain.

 

Certes, les Etats-Unis auraient honoré leurs engagements internationaux et les accords tacites noués avec telle ou telle puissance régionale : la Russie n'aurait jamais envoyé ses chars sur l'Europe de l'Est, comme la Chine n'aurait pas envahit impunément Taïwan.

 

Pour le reste, l'Amérique de Barack Obama ne faisait plus peur à personne : la Syrie a employé, et emploie encore, des armes chimiques contre sa population alors qu'il en avait fait une "ligne rouge" d'engagement militaire ; la Chine poursuit son expansion maritime impérialiste ; la lutte contre l'Etat islamique est un jeu de dupe qui expose la duplicité de l'actuelle administration américaine...

 

La seule annonce de l'élection de Donald Trump a changé cette donne du tout au tout. Nul ne sait dans quelle mesure il quittera les habits du candidat populiste pour ceux du président de la première mondiale.

 

Mais, avec un président inexpérimenté, ayant gagné par l'outrance, il est plus que probable que les "lignes rouges" seront - dans un premier temps en tout cas - respectées. Avant toute velléité de provocation envers les Etats-Unis, Donald Trump serait testé pour juger de sa réaction, comparativement à celle de Barack Obama.

 

D'ores et déjà, l'Amérique fait de nouveau peur.

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24 mars 2016 4 24 /03 /mars /2016 10:32

Donald Trump, candidat à l’investiture républicaine dans la perspective de la prochaine élection présidentielle aux Etats-Unis aurait déclaré sur CNN que torturer Salah Abdeslam aurait permis d’éviter les attentats de Bruxelles.

Par-delà sa énième provocation, les propos de Donald Trump ramènent cruellement à la lumière les débats qui ont traversé l’administration du président Bush junior, après les attentats du 11 septembre 2001, quant aux méthodes d’interrogatoire à utiliser.

Dans ses mémoires (Instants décisifs, Plon, 2010), il rapporte que lui ont été soumises, et qu'il a refusé, des méthodes d'interrogatoire bien plus brutale que le waterboarding (http://global.britannica.com/topic/waterboarding), ou simulation de noyade, qui a été infligé à certains détenus du camp de Guantanamo. Il ajoute toutefois que cette méthode d'interrogatoire, considérée comme de la torture, a permis de déjouer plusieurs projets d'attentats majeurs en faisant avouer des prisonniers.

L'Etat d'Israël, très tôt confronté à dilemme opérationnel et éthique, a - dans de telles circonstances, choisi de mettre en oeuvre des méthodes d'interrogatoires usant d'une "pression modérée" : privation de sommeil, bruits, positions inconfortables, désorientation, variations de température... au moins pour ce qu'on en connaît.

La question de savoir jusqu'où peuvent aller des démocraties et des Etats de droits dans les méthodes d'interrogatoires de détenus formés à l’attentat suicide et à l’égorgement d’être humains nous revient à pleine force dès lors qu'on se sent saisi d'effroi à l'idée que Salah Abdeslam pouvait connaître le projet, voire les détails opérationnels, des attentats de Bruxelles.

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 16:07

Qu'est ce qui relève de l'humour et qu'est ce qui n'en relève pas ? La décision du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, de faire étudier par ses services les modalités pratiques d'une interdiction des spectacles de Dieudonné vient soulever - une nouvelle fois - cette question particulièrement épineuse.

 

Le métier des humoristes est par définition de tangenter les notions de bon goût et de convenance, d'en faire frissonner leurs spectateurs, de faire rire de ce que la bonne éducation préfère passer sous silence : tics de langage, lapsus, situations dramatiques, etc.

 

En quoi donc les propos et les gestes de Dieudonné seraient-ils plus outrageants et ne seraient plus de l'humour ?

 

En ce que, tout bonnement et à l'instar des propos infamants tenus à l'endroit de Christiane Taubira la comparant à un singe, ils déshumanisent leur sujet.

 

Comparer une personne noire à un singe c'est lui ôter son statut d'être humain et, partant, la priver des droits afférents. C'est parce qu'il a été prétendu que les noirs n'étaient pas des êtres humains qu'il a été si commode moralement d'en faire la traite, de les marquer au fer rouge comme du bétail, les faire travailler comme des bêtes. L'esclavage, c'était - et, hélas, c'est encore - dénier à la victime son rang d'être humain.

 

S'agissant des Juifs, la déshumanisation consiste à les assimiler à un virus, un micro-organisme invisible qui, sans qu'on en ait conscience avant que les symptômes du mal apparaîssent, se reproduit dans le corps de l'hôte, se multiplie et s'en repaît. Cette "théorie" de la conspiration mondiale, un des piliers de l'antisémitisme, traverse les siècles et s'exprime par des textes ou des images : le "Protocole des sages de Sion", un faux décrivant les modalité de cette soi-disant conspiration, la vulgate nazie qui - évoquant les territoires d'où les Juifs avaient été déportés - les qualifiait de "Judenfrei", propres de Juifs, comme décontaminés, purifiés d'une maladie... Plus près de nous, dans une conjonction entre antisionisme et antisémistisme, la comparaison de l'Etat d'Israël avec un cancer, proliférant sur la région, absorbant des territoires et - à l'instar du cancer qui métamorphose de façon mortifère les cellules alentour - modifiant irrémédialement l'environnement ainsi affecté. Dès lors ques les Juifs sont considérés comme des microbes, pourquoi s'offusquer qu'ils se voient appliquer la même prophylaxie ?

 

Si "l'humour" de Dieudonné n'est pas de l'humour c'est que ses propos - sur scène ou dans l'arène politique quand il se présente à des élections - déshumanisent ceux qui en sont les sujets. Dire d'un journaliste que Dieudonné déteste : "
Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu’il ait le temps de faire sa valise. Quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage", c'est regretter sans ambage que la "désinfection" appliquée aux Juifs par les nazis pendant la Seconde guerre mondiale n'ait pas porté ses fruits.

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 10:43

La visite du premier ministre japonais, Shinzo Abe, au sanctuaire Yasukuni - où, parmi des centaines de milliers de soldats morts pour le Japon, sont enterrées les dépouilles de criminels de guerre japonais - a passé aux yeux de la plupart des commentateurs, sinon de la totalité, pour une provocation d'inspiration nationaliste.

 

La Chine et la Corée du sud, qui ont eu à souffrir de l'occupation et des exactions de l'armée japonaise durant la seconde guerre mondiale, se sont indignées de ce qu'elles ont dénoncé comme une résurgence de la propension militariste d'une partie de la classe politique japonaise.

 

Une autre interprétation doit pourtant être proposée, notamment en référence aux propos de Shinzo Abe qui, à l'issue de cette visite, a rappelé sa « détermination à ce que personne ne souffre à nouveau de la guerre ». Face à l'impérialisme chinois dans le pacifique ouest et, surtout, en mer de Chine - revendication territoriale sur Taïwan, sur l'archipel de Senkaku, extension de la zone aérienne d'identification - il est possible, et sans doute probable, que le Japon, par la posture de son premier ministre, ait rappelé à la Chine qu'il n'y a pas si longtemps, quelques décennies, la guerre a sévi en mer de Chine, bien avant que la seconde mondiale n'éclate.

 

Shinzo Abe a, incidemment, mis sur le devant de la scène internationale la mémoire du passé, certes militariste du Japon, mais aussi celui de sa puissance militaire, rappelant en filigrance que si le Japon demeure un Etat officiellement sans armée, ses forces d'autodéfense forme de facto une force militaire à ne pas prendre à la légère.

 

C'est dans cette perspective qu'il faut se remémorer que le même Shinzo Abe, toujours en tant que premier ministre, a envisagé la possibilité d'une révision de la constitution japonaise - tout particulièrement son article 9 - qui fait du Japon une nation démilitarisée, donc officiellement sans armée, qui renonce à la guerre dans ses rapports avec les autres Etats, notament limitrophes - afin de pouvoir se doter officiellement de forces militaires.

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1 septembre 2013 7 01 /09 /septembre /2013 09:52

Le comportement de l'actuel président des Etats-Unis, Barack Obama, dans l'affaire du bombardement à l'arme chimique de quartiers de Damas laisse pantois.

 

Après avoir averti que l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit syrien était aux yeux des Etats-Unis une "ligne rouge" (c'est-à-dire une transgression qui appellerait une réaction militaire des Etats-Unis) à ne pas franchir, Obama a déjà tergiversé à plusieurs reprises lors de l'utilisation de telles armes, arguant qu'il était impossible de recueillir les preuves de leur emploi et quel camp aurait pu les employer.

 

Cette fois, confronté au caractère massif de l'emploi d'armes chimiques contre des populations civiles, il a dû - la mort dans l'âme - se rendre à l'évidence et reconnaître leur emploi, et l'auteur des tirs, à savoir le régime syrien.

 

Pourtant, il continue de tout faire pour éviter d'avoir à intervenir militairement. Pris entre sa menace et sa pusillanimité, il vient de faire savoir que préalablement à toute décision (qu'il n'a pas encore prise...), il souhaitait obtenir un vote d'approbation du Congrès américain dont - constitutionnellement - il n'a pas besoin. Secrètement, sans doute, il désire ardemment que ce dernier lui refus l'autorisation de frappes ciblées.

 

Le problème est que les Etats-Unis projettent ainsi une image de peur et de faiblesse dans le monde, alors même que la menace de l'emploi de leur force militaire garantit la paix dans de nombreux lieux de tensions sur la planète. Quelques exemples : les conflits territoriaux entre la Chine et le Japon, ce dernier pays acceptant de ne pas disposer d'une armée et de renoncer à l'arme nucléaire en échange du "parapluie" américain ; Taïwan, que la Chine n'a pas envahit jusqu'à présent parce qu'une telle tentative entraînerait une riposte militaire américaine ; la retenue de la Corée du sud vis-à-vis de provocations de la Corée du nord, là encore parce que la dissuasion américaine était censée prévenir tous débordement ; le blocage du détroit d'Ormuz, où transite maritimement une grande partie du pétrole consommé dans le monde, qu'aucun pays n'a osé mettre en oeuvre (notamment l'Iran) de crainte de subir de sévères représailles armées des Etats-Unis...

 

Et, surtout, dans le dossier iranien, la volonté de ce pays de posséder l'arme atomique se heurte au refus catégorique non seulement d'Israël mais de tous les grands pays sunnites : Arabie saoudite, émirats, Egypte, Jordanie... Le gouvernement a même - l'identité d'expression est même glaçante - tracé une "ligne rouge" en ce qui concerne les progrès iraniens dans l'enrichissement de l'uranium : passé cette limite, Israël interviendrait militairement contre l'Iran. Seule, jusqu'à présent, l'assurance du président Obama que les Etats-Unis n'autoriserait pas l'Iran à se doter de l'arme nucléaire a concomitamment différé l'intervention d'Israël et conduit au ralentissement de l'enrichissement de l'uranium par l'Iran.

 

Maintenant que le président Obama a fait la démonstration de son irrésolution, de son incapacité à prendre une décision difficile, quel va être le sort de tous ces dossiers chauds de la planète ? Et, s'agissant du plus grave d'entre eux, le dossier nucléaire iranien, le dirigeants de l'Iran vont-ils prendre au sérieux quelque menace d'Obama ; de même, quel crédit Israël et les pays arabes sunnites menacés par l'aspiration hégémonique de l'Iran vont-ils accorder aux promesses/menaces de ce président américain affaibli, dépassé, comme jamais dans l'histoire récente ?

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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 11:18

Il y a presque un an, en septembre 2012, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de la France, interrogé sur RMC radio quant à l'utilisation éventuelle d'armes chimiques ou bactériologique par le régime syrien, ou bien le risque de mouvement de telles armes à fin d'utilisation, répondait que, en de telles situations : "Notre réponse serait massive et foudroyante". Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner derrière le choix des termes employés la référence explicite à l'arme atomique.

 

Aujourd'hui, le 22 août 2013, Laurent Fabius, toujours ministre des Affaires étrangères de la France, a déclaré que si l'utilisation d'armes chimiques hier dans dans la banlieue de Damas était avérée, «une réaction de force» des principaux pays occidentaux, était nécessaire.

 

Après la volte-face - sans doute sans précédent - du président Obama qui, après avoir déclaré que l'utilisation d'armes chimiques par le régime d'Assad était une "ligne rouge" à ne pas franchir, et ne rien faire alors que l'administration américaine dispose des preuves qu'elles ont été déjà employées en Syrie il y a quelques mois, l'amenuisement de la menace française - passée d'une "réponse massive et foudroyante" à une "réaction de force" - atteste de la faiblesse actuelle de la dissuasion occidentale.

 

C'est extrêmement préoccupant, dans une situation géostratégique marquée par la volonté inflexible du régime iranien de se doter de l'arme atomique, et par son soutien sans faille au régime syrien. Nul doute que les dirigeants de l'Iran ont noté les atermoiements des pays occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis.

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 18:38

Le flottement de l'équipe gouvernementale et l'érosion rapide et marquée de la confiance accordée au président de la République récemment élu conduise à s'interroger sur la pérennité sur cinq ans de la légitimité récemment obtenue par le suffrage universel.

 

L'exemple qui vient à l 'esprit est celui de Jacques Chirac - qui, à l'instar de François Hollande - récemment élu en 1995 avait conduit une politique à rebours des engagements pris durant sa campagne électorale. La perte de légitimité l'avait conduit à dissoudre l'Assemblée nationale en 1997 et provoquer de nouvelles élections législatives.

 

François Hollande, qui a bâti son élection sur le rejet de Nicolas Sarkozy, son prédécesseur, a commis l'imprudence durant sa campagne électorale, de laisser un flotter un parfum de 1981, de "tout est possible" ; sans jamais prendre d'engagement, il a envoyé des messages subliminaux laissant à penser que la crise économique relevait de la gestion du président sortant. La contradiction dans laquelle il s'est enfermé risque de la conduire, à moyen terme, à être contraint de ressourcer sa légitimité par le suffrage universel.

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 18:31

Invité de Jean-Jacques Bourdin sur BfmTv/RMC, le lundi 3 septembre 2012, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de la France, a répondu au journaliste qui l'interrogeait quant à l'utilisation éventuelle d'armes chimiques ou bactériologique par le régime syrien, ou bien le risque de mouvement de telles armes à fin d'utilisation, que : "Notre réponse serait massive et foudroyante".

 

En termes plus simples et plus explicites, Laurent Fabius - au nom de la France - a menacé la Syrie d'une frappe nucléaire en cas de menace et/ou d'utilisation d'armes chimiques ou bactériologiques.

 

Or la doctrine française d'emploi de l'arme atomique a toujours été une doctrine de "non emploi" ; dit autrement, la France n'envisagerait d'utiliser l'arme atomique qu'en dernier ressort, pour sanctuariser son territoire, si ce dernier était menacé, ou bien en représailles d'une frappe atomique sur son territoire.

 

Ce que Laurent Fabius vient d'avancer, est que la France outrepasserait sa propre doctrine pour utiliser l'arme atomique comme arme tactique de champ de bataille.

 

C'est là une vraie révolution, non sans conséquences sur le positionnement international de la France, qui - de façon stupéfiante - n'a appelé aucun commentaires...

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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 12:34

Le sénateur Gaëtan Gorce a déposé le 20 juillet 2012 une proposition de loi auprès de la commission des affaires sociales du Sénat visant à autoriser les demandes d'euthanasie dans les cas où une personne souffrirait d'une affection grave et incurable et ne dépendrait pas d'un traitement.

 

Il suggère la création d'une commission, composée de médecins, de psychologues, de juristes et de représentants  de la société civile, pour dispenser un avis sur la situation à laquelle ces personnes seraient confrontées. L'avis de cette commission devrait permettre de caractériser la maladie dont souffre le patient, la caractère libre et réitéré de sa demande [d'euthanasie suppose-t-on], l'existence ou l'absence d'issue juridique à cette demande. Le sénateur ajouter que le rapport de cette commission serait inscrit dans le dossier médical du patient à toutes fins utiles ; il précise dans l'exposé de ses motifs qu'un juge pourra vérifier - grâce à ce rapport - s'il le médecin concerné est intervenu en "état de nécessité", ce qui lui vaudrait alors "excuse absolutoire".

 

Cette proposition de loi est très illustrative de la confusion qui entoure les débats liés à l'euthanasie.

 

Tout d'abord, le sénateur Gorce évoque le cas d'un patient qui ne bénéficierait pas d'un traitement mais aurait tout de même un dossier médical. De deux choses l'une, soit il ne bénéficie pas de traitement, il n'est pas suivi par une équipe soignante, et il ne peut donc avoir de dossier médical, soit il a un dossier médical,  et cela signifie qu'il est suivi par une équipe de soins.

 

Surtout, la définition de la souffrance qui se dégage du texte de la proposition de loi ne limite pas le champ de la proposition de loi à une souffrance somatique : "La commission aura pour mission de caractériser la maladie, en particulier sa gravité, de constater l’absence de traitement susceptible de permettre une guérison ou une amélioration sensible ; de s’assurer de la conscience du malade et du caractère volontaire et réitéré de sa demande".

 

Or, ainsi qu'il a écrit dans un livre publié en 2010, Euthanasie, l'ultime injustice, les demandes d'euthanasie pourraient tout aussi bien émaner de personnes souffrant d’afflictions répétitives, récurrentes, invalidantes, qui contribuent à rendre intolérable la souffrance ressentie. Ce peut être, par exemple, le cas d’existences bouleversées par des troubles délirants schizophréniques, par l’amnésie, des troubles bipolaires, des manies, des phobies, l’autisme, des obsessions paranoïaques, des troubles de l’identité sexuelle, de troubles obsessionnels compulsifs, de l’anorexie, de la boulimie, de la dépression mélancolique

 

 Qui pourrait juger – et au nom de quels arguments ? – que la demande de tel tétraplégique demandant qu’on mette fin à ses jours serait davantage recevable que celle d’un schizophrène ou d’un dépressif mélancolique ? Les uns sont décrits comme étant en prison dans leur propre corps ; les autres, pourrait-on rétorquer, sont en prison dans leur propre cerveau.

 

La proposition de Gaëtan Gorce ouvre la voie à de telles demandes.

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