Vincent Peillon, en course dans la primaire du parti socialiste pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle, vient - après tant d'autres - de mettre en parallèle la situation des musulmans en France aujourd'hui, avec celle des juifs sous l'occupation allemande : « Certains veulent utiliser la laïcité - ça déjà été fait dans le passé - contre certaines catégories de population, c'était-il y a 40 ans les juifs à qui on mettait des étoiles jaunes. C'est aujourd'hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu'on amalgame souvent avec les islamistes radicaux. C'est intolérable. »
Comme toujours, il convient de revenir aux faits pour se rendre compte du caractère non seulement odieux, mais dénué de tous sens, de cette mise en parallèle.
Sous l'occupation, les juifs installés en France n'ont pas été "stigmatisés", ils ont été - dans un premier temps mis au ban de la société par le biais des "statuts des juifs" ; ils ont été ensuite, par dizaine de milliers, arrêtés, raflés - par la police française en grande partie - déportés vers les camps d’extermination, gazés, brûlés, y compris les enfants à la demande du gouvernement français de l'époque.
Les statuts des juifs (applicables en France métropolitaine et à l'Algérie, aux colonies, pays de protectorat, en Syrie et au Liban) prévoyaient :
- l'interdiction aux juifs de l'accès et de l'exercice de certaines fonctions publiques et de certains mandats ;
- l'ouverture sous condition de l'accès et de l'exercice à toutes les autres fonctions publiques ;
- l'interdiction d’exercice de certaines professions (directeurs, gérants, rédacteurs de journaux, revues, agences ou périodiques, par exemple…) ;
- l'interdiction de faire partie des organismes chargés de représenter les professions interdites ou d’accès limité ;
- l'éviction de la fonction publique des fonctionnaires juifs ;
- l'exercice sous condition de plusieurs métiers : profession libérale, profession commerciale, industrielle ou artisanale, ou profession libre, être titulaires d'une charge d'officier public ou ministériel, ou être investis de fonctions dévolues à des auxiliaires de justice.
Même si - avec effort et souffrance - on écarte du raisonnement le nombre de juifs français exterminés (75 000 être humains...), quel parallèle peut-on honnêtement établir entre le sort des juifs français sous l'occupation et celui de nos compatriotes musulmans aujourd'hui ?
Aucun... fort heureusement.