Le sort fait aux animaux de par le monde est peu enviable et nombreuses sont les situations où la cruauté exercée et le risque d'extinction des espèces sont autrement plus marqués que dans notre pays.
Il n'en reste pas moins que les arguments des défenseurs de la corrida sont à ce point spécieux qu'ils suscitent une certaine indignation. On pourra s'arrêter sur la notion de tradition locale qui, appliquée en d'autres temps et d'autres lieux, ferait perdurer chez nous et à notre époque nombre de pratiques barbares.
Mais surtout, ce qui est difficilement acceptable c'est que la corrida soit présentée comme l'occasion de démontrer les qualités de virilité, de puissance et de courage de l'homme face à la brutalité et à l'agressivité de l'animal.
En premier lieu, si les portes de l'arène demeuraient ouvertes, il est plus que probable que le taureau fuirait. En second lieu, il est difficile de concevoir que l'opprobre soit souvent jeté sur l'accoutrement et l'excès des postures des drag queens et que les toreros soit considérés comme l'archétype de la virilité, presque du machisme, quand travestis et tueurs de taureaux sont habillés de façon presque identique. Fesses moulés, couleurs criardes, fanfreluches, béret de guingois... on n'ose imaginer le sort qui serait réservé à un torero ainsi accoutré s'il s'égarait la nuit tombé dans le bois de Boulogne à Paris.
Plus sérieusement, faire croire que les toreros entrent dans l'arène affronter une bête au sommet de sa puissance est une escroquerie. Avant que le coup de grâce soit donné, le taureau a été mutilé : des cavaliers, armés de lances, montés sur des chevaux armurés, ont transpercé les flancs de la bête, lui ont souvent crevé les poumons. Ainsi préalablement fatigué, ses artères ont été entaillés par des hommes à pied afin de lui faire perdre encore plus de sang. Au final, le torero se présente devant une bête agonisante... beau courage. Voudrait-il nous démontrer leur bravoure qu'ils entreraient en même temps que le taureau pour l'affronter en pleine santé.