28 décembre 2007
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Le style d'exercice du pouvoir adopté par le nouveau président, Nicolas Sarkozy, fait couler beaucoup d'encre, et suscite de nombreux commentaires pas toujours dénués de pertinence quant au risque de galvauder la fonction qu'il occupe.
Il est pourtant une conséquence éventuelle qui n'est bizarrement jamais évoquée, celle liée au rôle central du président de la République dans la dissuasion nucléaire française.
La théorie de la dissuasion à laquelle est adossée la force de frappe nucléaire de l'armée française se fonde sur trois éléments : le gain éventuellement obtenu par l'agresseur (la différence entre l'état final après l'agression et le statu quo comme indiqué dans l'encadré ci-dessous) ; le coût de l'agression infligé en retour à l'éventuel agresseur par le biais de l'arme nucléaire ; et la probabilité d'emploi de cette dernière.
En d'autres termes, toute la dissuasion nucléaire est bâtie sur la conviction qu'ont les adversaires de la France que le chef de l'Etat serait décidé à l'employer si nécessaire. On dit que le président Pompidou, personnellement opposé à la peine de mort, s'était donné pour principe de ne pas accorder de grâce aux condamnés justement pour accréditer sa capacité à prendre des décisions lourdes. De même, dans son discours prononcé en janvier 2006 durant sa visite aux forces aériennes, océaniques et stratégiques basées à l'Ile-Longue, Jacques Chirac a-t-il averti que l'intention de certains groupes de s'attaquer à la France par des armes non conventionnelles pouvait provoquer une frappe nucléaire préventive sur les Etats qui les soutiendraient.
C'est dans cette perspective que le style de la présidence de Nicolas Sarkozy pose question : quelle crédibilité accorder à un chef d'Etat dont l'image - à tort ou à raison - s'établit sur le marivaudage, les histoires de coeur et les croisières de milliardaires ? C'est peut-être injuste, parce qu'une des qualités du nouveau président semble justement sa capacité à prendre des décisions, mais c'est ainsi. Projeter une image de force, c'est souvent prendre l'assurance de ne pas devoir se servir de cette dernière ; une image de faiblesse, même si ce n'est qu'un image, est toujours à la source de grands maux en politique internationale.
N'oublions pas que la faiblesse du président américain Carter est concomitante de la prise d'otage à l'ambassade américaine à Téhéran et de l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS, et que les attentats du 11 septembre 2001 se sont déroulés sous la présidence de Georges Bush junior, qui ne passe pas pour le président américain le mieux élu, le plus décidé et le plus compétent.
Il est pourtant une conséquence éventuelle qui n'est bizarrement jamais évoquée, celle liée au rôle central du président de la République dans la dissuasion nucléaire française.
La théorie de la dissuasion à laquelle est adossée la force de frappe nucléaire de l'armée française se fonde sur trois éléments : le gain éventuellement obtenu par l'agresseur (la différence entre l'état final après l'agression et le statu quo comme indiqué dans l'encadré ci-dessous) ; le coût de l'agression infligé en retour à l'éventuel agresseur par le biais de l'arme nucléaire ; et la probabilité d'emploi de cette dernière.
L’équation de la dissuasion
Vef – Vsq < PC
Vef : valeur de l’état final après agression.
Vsq : valeur du statu quo avant l’agression.
C : pénalité infligée à l’agresseur par l’agressé.
P : probabilité que cette pénalité soit effectivement infligée.
En d'autres termes, toute la dissuasion nucléaire est bâtie sur la conviction qu'ont les adversaires de la France que le chef de l'Etat serait décidé à l'employer si nécessaire. On dit que le président Pompidou, personnellement opposé à la peine de mort, s'était donné pour principe de ne pas accorder de grâce aux condamnés justement pour accréditer sa capacité à prendre des décisions lourdes. De même, dans son discours prononcé en janvier 2006 durant sa visite aux forces aériennes, océaniques et stratégiques basées à l'Ile-Longue, Jacques Chirac a-t-il averti que l'intention de certains groupes de s'attaquer à la France par des armes non conventionnelles pouvait provoquer une frappe nucléaire préventive sur les Etats qui les soutiendraient.
C'est dans cette perspective que le style de la présidence de Nicolas Sarkozy pose question : quelle crédibilité accorder à un chef d'Etat dont l'image - à tort ou à raison - s'établit sur le marivaudage, les histoires de coeur et les croisières de milliardaires ? C'est peut-être injuste, parce qu'une des qualités du nouveau président semble justement sa capacité à prendre des décisions, mais c'est ainsi. Projeter une image de force, c'est souvent prendre l'assurance de ne pas devoir se servir de cette dernière ; une image de faiblesse, même si ce n'est qu'un image, est toujours à la source de grands maux en politique internationale.
N'oublions pas que la faiblesse du président américain Carter est concomitante de la prise d'otage à l'ambassade américaine à Téhéran et de l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS, et que les attentats du 11 septembre 2001 se sont déroulés sous la présidence de Georges Bush junior, qui ne passe pas pour le président américain le mieux élu, le plus décidé et le plus compétent.