25 février 2008
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L’hôpital public français est supposé manquer cruellement de personnel. Commentaires, témoignages, images télévisées, s’accordent à dénoncer une situation où l’insuffisance de la main-d’œuvre hospitalière non seulement dégrade les conditions de travail mais viendrait à compromettre la qualité des soins dispensés. Or l’analyse des dotations en personnel des hôpitaux français ne corrobore pas ce sentiment – en particulier comparativement à l’emploi dans les hôpitaux des principaux pays industrialisés.
La question du personnel dans les hôpitaux ne doit pas se limiter à l’analyse partielle de quelques professions emblématiques, mais doit incorporer l’estimation du nombre d’établissements disséminés sur le territoire national, et l’analyse du champ des compétences employées dans les établissements publics de santé – qui dépasse de très loin les métiers et les professions qui relèvent du soin. De même, le décalage sans cesse croissant entre l’appartenance professionnelle « nominale » et l’appartenance professionnelle réelle – qui met en lumière la prédominance de la fonction dans l’analyse des dotations en personnel – conduit à s’interroger sur ce qu’est réellement un métier ou une profession de soin. Quand on se penche sur la question des dotations en personnel des hôpitaux, c’est bien le nombre de personnels affectés réellement à la prise en charge des patients qui est déterminant.
Ainsi, la France compte 1,2 million d’emplois dans ses hôpitaux, soit autant qu’en Allemagne, alors que ce dernier pays a 20 millions d’habitants et 250 000 lits hospitaliers de plus. En dépit de ce nombre important de salariés dans ses hôpitaux, la France apparaît paradoxalement comme un pays pauvrement doté en personnels de soins : l’effectif moyen par lit des personnels de soins aigus est de 1,64 personne par lit en France, contre 2,03 en Allemagne, 3,07 en Italie, 3,57 en Espagne et 6,5 au Royaume-Uni. La situation est tout aussi préoccupante s’agissant des personnels infirmiers : l’effectif moyen en France est de 0,56 personne par lit, contre : 0,75 en Allemagne ; 1,36 en Italie ; 1,68 en Espagne ; 1,8 au Royaume-Uni. L’explication se trouve dans la dispersion excessive des personnels de soins entre un nombre particulièrement élevé de structures de santé.
La France compte, en effet, 450 000 lits d’hôpitaux – soit davantage que le Royaume-Uni et que l’Italie, avec 240 000 lits environ, mais nettement moins que l’Allemagne, dont les 700 000 lits s’expliquent pour partie par sa population de 80 millions d’habitants contre 60 millions pour la France. Si l’on raisonne par rapport à la population, l’Allemagne dispose de 8,6 lits par millier d’habitants contre 7,5 pour la France et 4,1 au Royaume-Uni.
Tous secteurs (public, privé lucratif et privé non lucratif) et toutes activités confondus, la France compte 2 900 établissements de santé, alors qu’on en recense 3 500 en l’Allemagne, 1 400 au Royaume-Uni et 1 300 en Italie. Rapportés à la population de chaque pays, ces chiffres sont encore plus saisissants : il y a 4,8 établissements pour 100 000 habitants en France, contre 4,2 en Allemagne, 2,3 au Royaume-Uni et 2,2 en Italie. Si l’on circonscrit l’analyse aux hôpitaux, on constate que 54 % d’entre eux sont équipés de moins de 200 lits, 77 % ont moins de 400 lits, 16 % disposent de 400 à 800 lits, et 7 % sont dotés de plus de 800 lits. L’offre hospitalière française est donc non seulement atomisée, mais aussi concentrée sur de petits et très petits hôpitaux.
La première conséquence de cette situation est que la France consacre davantage de moyens aux dépenses de soins en milieu hospitalier : 6 % de son produit intérieur brut, contre 3,8 % en Allemagne et 3,4 % en Italie. Cela s’explique en grande partie par le nombre élevé des emplois hospitaliers, lui-même rendu nécessaire par la multiplication des structures de soins sur le territoire national.
La dotation relative en personnel des établissements publics de santé ne doit donc pas s’évaluer exclusivement au niveau local, mais doit surtout être interprété comme le symptôme de la dispersion préoccupante des moyens sanitaires hospitaliers entre un nombre trop élevé d’établissements, au demeurant d’une taille trop réduite. C’était d’ailleurs les conclusions du rapport Vallancien (consultable sur http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/064000350/0000.pdf), qui recommandait la fermeture d’une centaine de blocs opératoires en France, au motif d’un manque d’activité et des risques induits en termes de déqualification des praticiens.
Pour des développements plus complets sur ce sujet, on peut utilement se référer à l’article de Robert Holcman intitulé : « L’hôpital manque-t-il réellement de personnel ? », publié dans le numéro de septembre-octobre 2007 du Journal d’Economie médicale (Vol. 25, n° 5-6, p. 307-317).
La question du personnel dans les hôpitaux ne doit pas se limiter à l’analyse partielle de quelques professions emblématiques, mais doit incorporer l’estimation du nombre d’établissements disséminés sur le territoire national, et l’analyse du champ des compétences employées dans les établissements publics de santé – qui dépasse de très loin les métiers et les professions qui relèvent du soin. De même, le décalage sans cesse croissant entre l’appartenance professionnelle « nominale » et l’appartenance professionnelle réelle – qui met en lumière la prédominance de la fonction dans l’analyse des dotations en personnel – conduit à s’interroger sur ce qu’est réellement un métier ou une profession de soin. Quand on se penche sur la question des dotations en personnel des hôpitaux, c’est bien le nombre de personnels affectés réellement à la prise en charge des patients qui est déterminant.
Ainsi, la France compte 1,2 million d’emplois dans ses hôpitaux, soit autant qu’en Allemagne, alors que ce dernier pays a 20 millions d’habitants et 250 000 lits hospitaliers de plus. En dépit de ce nombre important de salariés dans ses hôpitaux, la France apparaît paradoxalement comme un pays pauvrement doté en personnels de soins : l’effectif moyen par lit des personnels de soins aigus est de 1,64 personne par lit en France, contre 2,03 en Allemagne, 3,07 en Italie, 3,57 en Espagne et 6,5 au Royaume-Uni. La situation est tout aussi préoccupante s’agissant des personnels infirmiers : l’effectif moyen en France est de 0,56 personne par lit, contre : 0,75 en Allemagne ; 1,36 en Italie ; 1,68 en Espagne ; 1,8 au Royaume-Uni. L’explication se trouve dans la dispersion excessive des personnels de soins entre un nombre particulièrement élevé de structures de santé.
La France compte, en effet, 450 000 lits d’hôpitaux – soit davantage que le Royaume-Uni et que l’Italie, avec 240 000 lits environ, mais nettement moins que l’Allemagne, dont les 700 000 lits s’expliquent pour partie par sa population de 80 millions d’habitants contre 60 millions pour la France. Si l’on raisonne par rapport à la population, l’Allemagne dispose de 8,6 lits par millier d’habitants contre 7,5 pour la France et 4,1 au Royaume-Uni.
Tous secteurs (public, privé lucratif et privé non lucratif) et toutes activités confondus, la France compte 2 900 établissements de santé, alors qu’on en recense 3 500 en l’Allemagne, 1 400 au Royaume-Uni et 1 300 en Italie. Rapportés à la population de chaque pays, ces chiffres sont encore plus saisissants : il y a 4,8 établissements pour 100 000 habitants en France, contre 4,2 en Allemagne, 2,3 au Royaume-Uni et 2,2 en Italie. Si l’on circonscrit l’analyse aux hôpitaux, on constate que 54 % d’entre eux sont équipés de moins de 200 lits, 77 % ont moins de 400 lits, 16 % disposent de 400 à 800 lits, et 7 % sont dotés de plus de 800 lits. L’offre hospitalière française est donc non seulement atomisée, mais aussi concentrée sur de petits et très petits hôpitaux.
La première conséquence de cette situation est que la France consacre davantage de moyens aux dépenses de soins en milieu hospitalier : 6 % de son produit intérieur brut, contre 3,8 % en Allemagne et 3,4 % en Italie. Cela s’explique en grande partie par le nombre élevé des emplois hospitaliers, lui-même rendu nécessaire par la multiplication des structures de soins sur le territoire national.
La dotation relative en personnel des établissements publics de santé ne doit donc pas s’évaluer exclusivement au niveau local, mais doit surtout être interprété comme le symptôme de la dispersion préoccupante des moyens sanitaires hospitaliers entre un nombre trop élevé d’établissements, au demeurant d’une taille trop réduite. C’était d’ailleurs les conclusions du rapport Vallancien (consultable sur http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/064000350/0000.pdf), qui recommandait la fermeture d’une centaine de blocs opératoires en France, au motif d’un manque d’activité et des risques induits en termes de déqualification des praticiens.
Pour des développements plus complets sur ce sujet, on peut utilement se référer à l’article de Robert Holcman intitulé : « L’hôpital manque-t-il réellement de personnel ? », publié dans le numéro de septembre-octobre 2007 du Journal d’Economie médicale (Vol. 25, n° 5-6, p. 307-317).