Les insultes proférées par Nicolas Sarkozy, le président de la République, à l'encontre d'un passant au salon de l'agriculture, ont soulevé un tollé. On peut en effet s'interroger sur la compatibilité d'un langage de charretier avec la fonction présidentielle, a fortiori quand le titulaire actuelle fonde une partie de son discours sur un retour aux valeurs, à la morale, au respect.
Certains commentaires ont toutefois frisé la malhonnêteté intellectuelle. Affirmer, comme certains l'ont fait, qu'un tel excès de langage n'avait jamais été constaté à ce niveau de l'Etat relève soit de la mauvaise foi, soit de l'incompétence historique - deux défauts problématiques chez les journalistes.
Sans même parler du langage ordurier que Dominique de Villepin semble (selon certains commentaires, certes) affectionner, faut-il rappeller les propos de Jacques Chirac, alors premier ministre, à l'encontre de Margaret Thatcher ? A la fin d'un "marathon" européen à Bruxelles, alors que cette dernière avait arraché nombre de concessions à ses partenaires européens tout en demeurant exigeante, Jacques Chirac s'était écrié : "Et qu'est-ce qu'elle veut en plus ? Mes couilles sur un plateau ?", provoquant un scandale outre-manche.
Mais, s'agissant de Chirac, ces écarts de langage sont considérés avec bonhomie, presque affection ; chez Sarkozy, ils seraient la marque d'un profond déséquilibre psychologique. Cette différence de traitement devrait appeller une réflexion profonde de la part de cet homme politique d'expérience quant à son image.