La vague d'enthousiasme qui saisit les élites françaises à l'égard de Barak Obama, candidat à la candidature du parti démocrate américain pour la prochaine élection présidentielle, conduit certains commentateurs à le comparer à John Kennedy.
Cette comparaison - summum des compliments sous la plume de certains journalistes français - tient pour acquis que Kennedy aurait été un grand président, un modèle pour ses successeurs américains, et bien au-delà dans le monde, tant son action demeure exemplaire. A bien y regarder, on s'aperçoit que la crise des missiles de Cuba a l'occasion d'un défaite stratégique importante des Etats-Unis, contraint de retirer leurs missiles du territoire turc. Quant aux réformes sociales que Kennedy s'était engagé à mener, sa maladresse et son manque d'habilité politique (et non pas l'interruption dramatique de sa présidence) qui a fait que c'est son successeur, Lyndon Johnson, qui s'est chargé de les mettre en oeuvre. Seul l'enthousiasme suscité, donc, unit les deux hommes.
Ce qui est à craindre, c'est que par delà le succès d'estime rencontré par le sénateur Obama dans la course à la Maison-Blanche, le catalogue de bons sentiments - qui semble lui tenir lieu de programme politique - ne soit qu'une redite des errements de Jimmy Carter, dont le passage à la présidence des Etats-Unis aura été concomitant d'un recul de l'influence américaine : prise d'otage à l'ambassade américaine à Téhéran ; envahissement de l'Aghanistan par l'URSS.
La situation internationale extrêmement tendue réclame à la tête de la première puissance mondiale, un(e) leader expérimenté(e), à même de faire prévaloir force et diplomatie. Ce serait faire courir un bien grand risque à notre civilisation et à notre mode de vie que de passer de huit ans de présidence Bush, président faible, à une présidence américaine déclamatoire et impuissante.