L'attention portée - à juste titre - sur la situation au Tibet appelle un certain nombre de remarques centrée sur les médias et le travail journalistique.
Ce qui se passe au Tibet forme exactement la réalité de la description journalistique des faits censés se dérouler dans les Territoires occupés palestiniens : génocide culturel ; massacres ; répression aveugle ; destruction de lieux de prières... Pourtant, cette description ne correspond pas à la réalité du terrain des Territoires occupés, mais est présenté comme tel ; à l'inverse, c'est ce qui se produit au Tibet mais bizarrement n'a jamais fait l'objet de la couverture médiatique accordée au sort des Palestiniens. Rappelons que l'engagement de Richard Gere pour la cause tibétaine faisait encore l'objet d'ironie en France il n'y a pas si longtemps.
C'est la raison pour laquelle le rôle joué par l'association "Reporters ans frontières" ne manque d'interroger. Au lieu d'aller en Grèce troubler la cérémonie d'allumage de la flamme olympique, pourquoi les membres de cette association ne se rendent-ils pas depuis des années au Tibet, sinon pour nous en ramener des images mais tout au moins y accomplir leur travail de journalistes ? Dans le même sens, que font tous les correspondants permanents étrangers en poste en Chine ? Pourquoi leur employeurs, journaux et chaînes télévisées, ne leur commandent-ils pas des enquêtes fouillées sur le sujet ?
Comment se fait-il que l'attention des médias soit à ce point focalisée sur Israël et les territoires occupés, grands comme un département français, et laisse de coté la Chine ?
Les grands moyens d'information sont en effet prompts à illustrer l'accusation d'impérialisme, d'hégémonie et de conquête de territoire des Israéliens. Mais quel pays en réalité pratique une politique d'intimidation et de conquête de ses voisins ? La Chine... et pas Israël. Quel pays a absorbé Hong Kong ? La Mongolie ? Le Tibet ? Quel pays menace Taïwan de représailles militaires et l'aurait sans aucun doute déjà envahi sans la dissuasion militaire américaine ?
Dit autrement, le travail journalistique a laissé à désirer durant de nombreuses années quant à la situation du Tibet et, plus généralement, à propos de la politique territoriale agressive de la Chine. Il faut dire qu'il est plus facile d'entrer en Israël, demeurer dans les grands hôtels de Tel Aviv et de partir pour la journée faire un reportage larmoyant dans les territoires occupés, que de se rendre en Chine, affronter la censure, l'immensité du territoire, la rigueur des conditions de vie, afin de montrer ce que les tibétains endurent .
Nul doute que les journalistes occidentaux - avec "Reporters sans frontières" à leur tête - vont se rattraper et profiter de l'ouverture des jeux olympiques pour se faire envoyer au Tibet et produire reportages et enquêtes de fond sur le sujet. S'il le faut, qu'il y aille secrètement : où sont donc passés les journalistes français qui refusaient l'embrigadement au sein de l'armée américaine durant la seconde guerre d'Irak pour mener leur travail en toute indépendance ?