Le corps d'Ilan Halimi à peine refroidi qu'une polémique enfle déjà quant à la supposée sur-médiatisation dont son décès ferait l'objet. Ce serait là une affaire crapuleuse à faible "pourcentage" antisémite : la preuve, Youssef Fofana le dit lui-même... La communauté juive aurait réussi à imposer le mobile antisémite et à provoquer une réaction en chaîne dans la classe politique.
L'accusation elle-même est porteuse de clichés antisémites : les Juifs seraient en mesure d'influencer les médias pour déclencher une campagne de presse ; ils seraient suffisamment craints des hommes politiques pour que ces derniers ne prennent pas le risque d'être en retard d'une indignation pro-sémite... en d'autres termes, la victime aurait été musulmane ou chrétienne que l'on en aurait pas fait autant.
S'agissant de ce dernier point, il faut tout de même rappeler que le racisme anti-mulsuman et anti-chrétien (tous deux avérés et tout aussi odieux) n'ont pas donné lieu à un assassinat industriel de masse, et qu'il y a cinquante à peine, les pogroms sévissaient en Europe. Les atteintes anti-sémites effraient davantage que les autres manifestations de racisme parce que l'antisémitisme est porteur en lui-même d’une expression sans mesure et d’actes absolus.
Si l'on parle aujourd'hui à ce point du meurtre d'Ilan Halimi, c'est aussi "qu'on" s'est tu longuement face au déchaînement d'actes antisémites en France au début des années 2000. Il est probable que le "pourcentage" d'antisémitisme dans l'affaire Ilan Halimi est inférieur à celui qu'on a pu constater dans des attaques de synagogues ou de cimetières juifs, ou que l'on déplore encore dans les chasses à la kipa. Oui, tout cela est sans doute vrai, mais la différence est qu'Ilan Halimi est mort, et mort dans des conditions atroces. Pour la première depuis longtemps, un Juif est mort dans un pogrom, même si c'est un pogrom individuel et crapuleux.