La photographie publiée dans la dernière livraison de Paris-Match, montrant des combattants talibans qui posent devant l'objectif affublés des prises de guerre qu'ils ont faites, a suscité une nouvelle polémique en France.
Cette polémique est révélatrice à un double titre. D'abord en ce qu'elle révèle de l'état de l'opinion française quant à son armée : des militaires, oui, pour défiler sur les Champs-Elysées tous les 14 juillet, tuer quelques émeutiers africains, pourquoi pas, mais engagées sur des théâtres de conflits, vraiment pas. C'est une insulte aux soldats vivants, et encore plus aux morts, que de remettre en cause la pertinence de l'engagement de l'armée française, et plus encore le leur, dans des opérations conjointes qui révèlent l'importance accordée au dispositif militaire français.
Ensuite, cette polémique démontre la cécité française face au monde. Les mêmes qui brocardent l'isolationnisme américain, se voile la face quand on leur montre ce qu'est le monde actuellement.
La photo montrant des talibans couverts d'uniformes français est choquante, mais elle a le mérite de révéler qui sont ces gens, tant on a tendance à l'oublier en ce moment. Oui, ce sont eux que nos soldats affrontent, des groupes de civils (comment distinguer pertes civiles et pertes combattantes puisqu'aucun ne combat en uniforme ?), luttant viscéralement et archaïquement, pillant, égorgeant, paradant dans les dépouilles des victimes.
Toutes comparaisons gardées, on retrouve là l'essence des images des soldats américains de la Delta Force, traînés nus et morts, dans les rues de Mogascio : choquantes oui, mais encore une fois révélatrices de ce qu'on affronte... nécessairement.