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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 10:28
La Marseillaise a donc été une nouvelle fois sifflée, les joueurs de l'équipe de France de football hués, d'autant conspués qu'ils étaient issus du pays dont la France affrontait la sélection nationale, en l'occurrence la Tunisie. Fait nouveau, le pouvoir politique s'est emparé immédiatement de l'affaire et a contribué par là à une médiatisation plus marquée que celle qui avait accompagné les sifflements contre la Marseille durant les matchs amicaux contre l'Algérie et le Maroc. Gesticulation politique ? Et alors ? C'est une forme d'action politique qui a fait ses preuves, qui permet d'adresser un message d'autant plus fort qu'il émane du sommet de l'Etat.

Une fois encore, l'attitude des jeunes Français d'origine tunisienne qui ont offensé l'hymne national a été mis sur le compte d'un sentiment de frustration bien compréhensible, provoqué par les carences dans l'intégration de populations émigrées du Maghreb.

Sans revenir sur le renversement de la charge de l'effort (de tous temps et en tous lieux, l'immigration a été une souffrance et a appelé des efforts d'adaptation des immigrés), si l'on prend comme hypothèse que l'insuffisance des efforts faits à destination des populations concernées serait à l'origine de leur intégration inefficiente, on fera deux remarques.

La première remarque pour rappeler qu'il y a dix ans, le discours dominant rapportait les succès de l'intégration à la Française, qui passait tout particulièrement par les "beurettes", censément motivées par les études, voie d'accès au statut de la femme dans notre pays. La victoire de la France en coupe du monde de football, emmenée par Zinédine Zidane, fils d'immigrés algériens, faisait annoncer par les plus enthousiastes la naissance d'une génération "black, blanc, beur". Dix ans plus tard, l'émergence de l'association "Ni putes ni soumises", les sifflets contre la Marseillaise, les émeutes de banlieues, permettent de juger de la pertinence de ce discours.

La deuxième remarque pour s'interroger sur les prétendues ratées de la "machine à intégrer française", si abondamment décriées par les intéressés eux-mêmes. "On ne fait rien pour nous ! ", "On ne fait rien pour nous !", entend on asséner pour justifier la situation actuelle. Mais la question qu'on peut légitimement se poser est : "Qu'a-t-on fait pour les autres immigrés que l'on ne ferait pas pour ceux originaires du Maghreb ?". Non seulement les immigrés d'origine asiatiques arrivés en France à la même période s'adaptent sans difficultés majeures, mais l'observation révèle que jamais il n'y a eu autant d'associations pour le soutien des immigrés, pour le droit au logement. Une part importante du contentieux administratif est suscité par ces associations.

Est-ce vraiment la France qui n'intègre plus ses immigrés, ou bien y a-t-il un problème post-colonial spécifique avec le Maghreb ? Les événements des dix dernières années semblent plutôt confirmer la seconde explication.
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