Les commentaires médiatiques consacrés à la campagne présidentielle américaine, l'enthousiasme quasi compulsif qui a saisi les leaders d'opinion en France, se colore - si l'on ose dire - d'une teinte paternaliste qui confine au racisme.
Sans s'arrêter à s'étonner de l'unanimisme - toujours suspect - quant à la nécessité absolue que constituerait l'élection de Barak Obama à la présidence des Etats-Unis, et les perspectives presque miraculeuses qui en découleraient, force est de constater que les observations et les interviews menées sur place brossent le portrait d'une communauté noire "évidemment" prête à voter pour le sénateur Obama.
En d'autres termes, un noir américain est censé voter pour Obama parce que ce dernier est métis et que l'électeur concerné est noir. On ne peut imaginer qu'un noir américain ait des idées de droite, qu'il souhaite voter pour MacCain, ou même que les idées réactionnaires de Sarah Palin le séduisent... au fond qu'un noir ait le loisir d'être rétrograde, passéiste, vieux jeu si l'on veut.
De même, les interviews menées "sur le terrain", rapportent les propos de gens simples, le plus souvent vivant dans les états du sud, et - de façon préférentielle - ayant l'âge d'avoir vécu la ségrégation. Ce portrait là est infâmant pour les noirs américains, pour la variété de leur situation sociale, de leurs opinions, de leurs aspirations, de leur humanité en somme. On aurait aimé entendre aussi des avocats, des médecins, des présentateurs télé... des partisans de MacCain et - surtout - d'Obama, votant pour d'autres raisons que celles renvoyant inlassablement à la couleur de leur peau.
Le plus étonnant est que ce traitement médiatique provienne de la France, pays où la représentation des minorités - celle des noirs en particulier - n'a rien de comparable avec celle que l'on constate aux Etats-Unis. Le paternalisme véhiculé dans les commentaires actuels est d'autant plus insupportable que la France est loin, très loin, d'égaler les Etats-Unis en termes d'intégration des populations noires.