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26 septembre 2006 2 26 /09 /septembre /2006 14:16

Il y a quelques jours sur Europe 1, Pierre Rosanvallon - éminent intellectuel français s'il en est encore - nous a délivré ses augures : ne nous ne berçons pas d'illusions, la France de 2040 ou 2050 ressemblera à la Réunion, c'est-à-dire sera métissée comme elle.

Faut-il ne jamais sortir des beaux quartiers parisiens pour s'imaginer faire ainsi révélation. Des populations métissées ? Mais c'est ce que peuvent déjà observer les habitants des périphéries des très grandes agglomérations françaises - Paris, Marseille, Lyon et Lille - et de plusieurs de leurs quartiers parmi les plus populaires.

Ce qui pose problème n'est pas que la France ressemble à la Réunion, ce qui est déjà en partie le cas, c'est qu'elle ressemble à Harlem... enfin à Harlem d'il y a une quinzaine d'années, parce qu'aujourd'hui on peut de nouveau y déambuler paisiblement. Il n'y a que quelques intellectuels du in-Paris pour s'imaginer encore que les Français sont dans leur ensemble choqués par le mélange des couleurs de peau et des origines ; ce qu'ils ne supportent pas, en réalité, c'est la violence, l'insécurité, les crachats, l'obligation de baisser les yeux devant quelques petits cons attroupés sauf à prendre le risque de se faire casser la gueule pour ne pas l'avoir fait, la signification qui leur est ainsi infligée qu'ils ne sont plus chez eux...

Il y a quelques années, interrogé sur un plateau sur cette question, Bertrand Tavernier avait rétorqué qu'il avait réalisé un film sur les banlieues et que mise à part quelques anicroches on lui avait réservé le meilleur accueil... alors, où est le problème ?

Alors ? Et bien il aurait plutôt fallu que Bertrand Tavernier, un homme honnête, fasse l'inverse : qu'il aille travailler où il veut et que le soir il rentre habiter dans la banlieue où il n'a passé que des journées de travail. Ce qui insupportable, ce n'est pas d'avoir des jours de travail difficiles - qui n'en a pas ? - c'est d'avoir des soirées en état de siège, harcelé par le tapage, la crainte de sortir...

Seuls des journalistes suisses ont eu le cran de prendre une chambre en banlieue parisienne après les émeutes d'il y a un an, et d'en rendre compte dans leurs colonnes. La description qu'ils en ont faite ne relève pas du panachage des origines, d'un carnaval des couleurs de peau, mais de la haine sociale et ethnique subie par les résidents.

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