On peut espérer que si Ségolène Royal était élue les contraintes de la vie politique et de l'environnement international la conduiraient à modifier son discours et sa pratique.
Pour l'heure, sa campagne glace le sang. Non pas en raison de son inexpérience (bien réelle), de ses bourdes (suprenantes à ce niveau) ou de ses propositions, mais des outils symboliques qu'elle instrumente.
Ségolène Royal utilise une partie du décorum et du discours fascistes. La couleur blanche, la présence solitaire du chef dans les meetings, l'introduction des termes de "propreté", de "pureté" même, dans le débat politique, ne peuvent manquer de résonner historiquement d'une façon malsaine. L'association de certaines termes contradictoires - "Ordre juste" par exemple - sonne comme des mots d'ordre de dictature sud-américaine des années 1960.
Pureté et politique ne font pas bon ménage, à l'aune des critères des démocrates en tout cas. Son positionnement est d'autant plus surprenant venant d'une personnalité politique classée à gauche, censée donc représenter le multiculturalisme, le cosmopolitisme... l'internationalisme, s'agissant du parti socialiste français encore pétri de marxisme. On préférera y opposer le "Plaidoyer pour la décadence" de Raymond Aron, le caractère incomplet, insatisfaisant, inachevé, des démocraties... le pire des régimes à l'exception de tous les autres pour reprendre l'aphorisme de Winston Churchill.