On s'imagine que les comportements des hommes politiques - tout particulièrement au plus haut niveau des responsabilités - relèvent de la grande politique, de la stratégie de haut vol, d'un jeu d'échec machiavélique, sans se douter que sont souvent à l'oeuvre les sentiments ordinaires éprouvés par tout un chacun.
Un exemple ? Le parcours politiques de Jacques ces douze dernières années. L'aspiration à imiter son prédécesseur, François Mitterrrand, est flagrante : nombre de mandats, référendum, trace dans l'histoire, tout est bon pour se rapprocher de son modèle, y compris choisir le même biographe. Jusqu'à l'élimination d'un pseudo dauphin - la différence venant cette fois des personnalités respectives de Michel Rocard et de Nicolas Sarkozy : le second n'hésitant pas comme le premier à "tuer le père".
La ressemblance entre les deux présidents dépasse de loin la volonté d'imitation du successeur. Ces deux présidents-là se seront distingués par l'absence de volontarisme. A cette aune, Chirac est le digne successeur de Mitterrand : tout deux ont accompagné les événements inéluctables de la société ; tous deux ont oeuvré sans cesse pour faire croire à leur activisme. Espérons que le prochain titulaire de la charge suprème se détournera d'une attitude politique consistant à se dire qu'on ne peut pas faire évoluer les sociétés, et tant qu'à ne rien faire, ou presque, autant être soi-même au commande plutôt que les autres.