L'Europe, bien absente de la campagne électorale actuelle, fait l'objet d'une profonde remise en question sous l'effet des élargissements successifs. Sa géographie - qui ne semblait pas avoir soulevé de problèmes particuliers jusqu'alors - est invoquée par les opposants à l'intégration de la Turquie.
Or un simple coup d'oeil sur une mappemonde permet de relativiser l'argument géographique. L'extrême Est de l'Union européenne est tracé par le 30ème méridien, qui longe la frontière entre la Finlande et la Russie. Si on la prolonge vers le Sud, cette frontière de l'Europe institutionnelle englobe la quasi-totalité de la Biélorussie, la moitié de l'Ukraine, et le quart occidental de la Turquie - dont Istanbul.
Comme l'opposition à l'entrée de la Turquie dans l'Union s'est cristallisée en France, on est tenté d'appliquer le même raisonnement à la formule gaullienne traçant l'Europe : "De l'Atlantique à l'Oural". Le gaullisme étant désormais entré dans la composition de l'atmosphère hexagonale au même titre que l'oxygène et l'hydrogène, on est en droit de souligner que la frontière Est de l'Europe placée sur les monts Oural - soit au niveau du 60ème méridien Est - revient à inclure dans l'Europe géographique non seulement la totalité de la Turquie, mais en prime la moitié du Kasakstan, un tiers de l'Ouzbékistan, la moitié du Turkménistan, et un tiers de l'Iran (en adoptant la pointe de l'Espagne comme limite Sud).
A cette aune, il faut mettre en lumière - une fois n'est pas coutume - la cohérence de Jacques Chirac, et la contradiction de Nicolas Sarkozy.