Comme à l'accoutumée, dès qu'il se sent en perte de vitesse et souhaite ramener l'agitation médiatique vers lui, il suffit à Jean-Marie Le Pen de proférer quelques propos délétères pour se remettre dans le jeu. C'est imparable : les bonnes âmes - sincères, peu sincères ou pas sincères du tout - s'emparent du sujet, trop contentes de trouver enfin un enjeu simple à propos duquel s'indigner sans craindre de se tromper et d'être démenti après coup.
Le problème est que les derniers propos de M. Le Pen sur sur le manque de "terroir" de Nicolas Sarkozy ont été tenus in extenso à propos de Dominique Strauss-Kahn durant la primaire socialiste de l'automne 2006 sans que personne n'y trouve à redire. Par la droite ? L'extrême droite ? Non, par Edith Cresson justifiant son soutien à Ségolène Royal et affirmant que si elle aimait bien DSK, et avais même contribué à le faire accéder à des fonctions gouvernementales, non, décidément, il appartenait moins au paysage français que Ségolène Royal...
Les mêmes, donc, qui s'indignent aujourd'hui du racisme des éructations lepénistes ne voyaient rien à redire aux mêmes propos tenus dans les rang du parti du progrès et de la justice sociale, par l'un des ses membres éminents.
Morale de l'histoire ? En premier lieu, racisme et antisémitisme ne sont l'apanage - hélas - d'aucun camp. En second lieu, les propos nauséabonds tenus par des anciens premiers ministres ne font pas l'objet de la même attention médiatique : ceux d'E. Cresson ne sont pas loin de "valoir" pourtant ceux de Raymond Barre sur le lobby juif et les Français innocents blessés lors de l'attentat de la rue de Copernic.