Le correspondant de France Inter en Irak livre ponctuellement des papiers d'une précision remarquable sur les tenants et les aboutissants de ce qui se passe dans ce pays, notamment à Bagdad. Ce matin même, commentant l'attentat contre le bâtiment du Parlement irakien, il nous rapportait les dernières rumeurs concernant l'identité du kamikaze : le garde du corps d'un député, ou bien le nouveau gérant de la cafétaria. Du reportage de terrain donc, glâné au plus près de la réalité.
Le problème est que le dit-correspondant conclut tout ses reportages en donnant le nom de la ville d'où il est émit, en l'occurrence Amman. Il n'est pas besoin d'être agrégé de géographie pour se rendre compte qu'Amman n'est pas située en Irak mais bien en Jordanie.
On pourra toujours objecter que les conditions de sécurité sont bien meilleures à Amman qu'à Bagdad, que le journaliste peut faire des trajets éclairs entre les deux capitales, il reste que la distance de plusieurs centaines de kilomètres, dans des conditions autrement difficiles qu'un trajet sur les autoroutes hexagonales, vient en contradiction avec la tonalité des reportages, la précision des "informations" données à l'auditeur. On ne peut s'empêcher de songer aux films de Jean Yanne, brocardant les correspondants de guerre qui enregistrent leur reportage "sur le vif" autour des piscines des grands hôtels.
Soit Radio France envoie des correspondants au coeur de l'action, avec les risques que cela implique, soit elle n'en envoie pas. A quoi cela rime-t-il de critiquer les journalistes anglo-saxons, la déontologie de leur approche du métier, au motif qu'ils collent aux troupes sur place, ou bien se font protéger par des mercenaires, si c'est pour envoyer de Jordanie des reportages consacrés à l'Irak ? C'est la pertinence même du rôle du correspondant qui est mise en cause. Jusqu'à preuve du contraire, les équipes anglo-saxonnes de journalistes - de télévision et américaines en particulier - sont présentes au coeur de Bagdad, diffusent une information en temps réel et puisée sur place, sans qu'aucun journaliste ne se soit fait enlever. Et dire que les mêmes s'indignaient il y a peu parce que TF1 avait dissout son service "Etranger"...