A l'échéance de sa carrière politique, au plus haut niveau en tout cas, il faut rendre justice à Jacques Chirac de son honnêteté... en tant que président de la République en tout cas.
Au jugement de l'histoire, Chirac ne figurera sans doute pas au Panthéon des hommes politiques les plus désintéressés : les instructions pendantes devant la justice, relatives à la période où il était maire de Paris, sont là pour le rappeler. Mais sa présidence de douze ans restera comme l'une des plus paisibles et des plus honnêtes, de la Vème République tout au moins : pas d'assassinats, pas de suicides, pas d'affaires, pas de chantiers pharaoniques, durant son septennat et son quinquennat.
L'image qu'on véhicule de lui - et qui risque de rester - est celle d'un "super-menteur", d'une malhonnêteté insigne. Paradoxalement, ses prédécesseurs ne sont pas affublés de cette image déplorable alors que leur présidence a été entachée d'affaires autrement plus graves que les frais de bouche du président actuel. En dépit du "suicide" de Robert Boulin sous Giscard, de ceux de Pierre Bérégovoy et de François de Grossouvre, trouvé mort à l'Elysée sous Mitterrand, du Raimbow Warrior, des Irlandais de Vincennes... c'est à Chirac qu'on fait le procès de l'indignité. Il faut sans doute y voir sa moindre maîtrise dans la gestion des médias comparée à la maestria de ses prédécesseurs en la matière.