Une expérience de vote "approbatif" (ou par notation) a été menée par des chercheurs dans plusieurs bureaux de vote, consistant à noter l'ensemble des candidats au premier tour. L'idée de se pencher sur les ressorts du comportement politique, des choix électifs, est passionnante. Le problème, en l'occurrence, est que les auteurs de l'étude en question considèrent que la méthode expérimentée aurait vocation à devenir un mode de scrutin. L'argument - combien de fois assené depuis plusieurs décennies... - est que les électeurs ne peuvent pas exprimer la finesse de leur positionnement en raison du mode de scrutin actuel qui les contraint à une seule possibilité de choix.
C'est précisément l'objectif de ce mode de scrutin : dans un pays comme le nôtre, marqué par les errements institutionnels, le nombre record de constitutions, de régimes, le fait majoritaire introduit par les institutions de la Vème République est une réponse qui a apporté la stabilité des institutions politiques, sans empêcher les alternances.
De plus, c'est professer un mépris certain pour les électeurs que de croire qu'ils sont incapables de faire la part des choses entre les qualités et les défauts du candidat auquel ils apportent leur voix. Imaginer un système où un algorithme déciderait de l'élection à la place de l'électeur revient à lui ôter le choix final.
En poussant cette logique jusqu'à l'absurde, pourquoi ne pas envisager d'autres systèmes d'élection ? Notons, par exemple, l'ensemble des candidats à la fin de chaque intervention télévisée : celui qui obtient le total le plus élevé à la fin de la campagne électorale est élu. Ou bien décidons que celui qui a le plus de pages consultées sur internet est désigné président de la République. Ou bien encore, établissons la moyenne des scores obtenus au premier et au second tour pour désigner le vainqueur final... Les propositions saugrenues ne manquent pas !
Le vote uninominal à deux tours nous contraint justement à faire un choix, c'est-à-dire à reconnaître qu'il n'y a pas de candidat idéal mais que - qualités et défauts mis en regard - c'est plutôt pour celui-là, ou celle-là, que nous voterons. C'est accéder à la maturité politique et laisser derrière nous la vision infantile et idéalisée d'un système parfait qui désignerait le candidat parfait.