Après un premier tour en fanfare, démocratique et hautement participatif, le lendemain de fête ressemble nauséeusement à un lendemain de cuite. Le fait majoritaire qui contraint les institutions de Vème République ne semble toujours pas être accepté par une partie d'entre nous.
L'attitude de François Bayrou, la volonté affichée et assumée de participer au second tour, laisse flotter un atmosphère empuantie dans la campagne de l'entre deux tours. Encore accentuée par les insinuations quant aux pressions qui seraient exercées sur la presse, la soi-disante menace sur les libertés publiques. Et tout cela après avoir reproché à Nicolas Sarkozy d'être le candidat de la peur qui joue sur le sentiment d'insécurité des Français.
Nos institutions sont ainsi, les deux candidats les mieux placés à l'issue du premier tour confrontent leur personnalité et leur projet afin d'obtenir l'approbation finale du corps électoral. Esquiver le fait majoritaire, c'est mépriser le vote des électeurs - quels qu'ils soient.
Pourquoi faudrait-il qu'un accord de désistement de François Bayrou au profit de Ségolène Royal soit télévisé ? Comme si faire de la politique était un activité sale, répréhensible... Un accord, négocié entre appareils et candidats puis divulgué aux Français, aurait tout aussi bien suffit. Mais là, ce que Royal et Bayrou disent subliminalement aux Français, c'est qu'eux sont purs, vierges, pas salis par les manoeuvres politiques qui affecteraient et caractériseraient Sarkozy. A la compromission, aux magouilles de réseau et de pouvoir de ce dernier, ils proposent une modalité virginale et pure d'exercer le pouvoir - confirmant, s'il en était besoin, les postures, les mots et les couleurs adoptés par Ségolène Royal depuis le début de sa campagne, tout droit issus du décorum fasciste.
Pureté, propreté, virginité, sont incompatibles avec le fonctionnement démocratique qui est fait - et c'est heureux - de compromis et d'accommodements. Ces concepts glacants de salubrité et d'hygiénisme politiques forment, bien au contraire, le socle idéologique de toutes les dictatures et de tous les totalitarismes : faut-il que l'exemple de la Pologne et de sa loi de "lustration" vienne nous le rappeler ?