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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 16:26

C'est sans doute là le plus grand changement politique que la France ait connu depuis longtemps, mais étonnamment assez peu commenté. La nomination de Bernard Kouchner comme ministre des Affaires étrangères signe l'arrêt de mort de la politique dite arabe de la France.

Depuis la saute d'humeur du général de Gaulle après qu'Israël eut déclenché la guerre des six jours en 1967, la France s'est résolument dotée d'une politique tournée vers le monde arabe, dont les historiens devront bien un jour évaluer si elle a été aussi profitable à notre pays que la politique dite africaine. Quoiqu'il en soit, tous les ministres des Affaires étrangères se sont depuis lors coulés dans le moule gaullien, avec plus ou moins de subtilité à la marge suivant les talents individuels.

La question n'est pas tant que le nouveau ministre soit de confession juive - encore que certains dirigeants arabes s'étoufferont certainement à l'idée de le recevoir en raison de ce fait - c'est surtout que son positionnement est à l'image de celui du nouveau président de la République : davantage atlantiste et considérablement moins pro-arabe que celui de ses prédécesseurs.

Deux questions se posent néanmoins : le nouveau ministre des Affaires étrangères parviendra-t-il  à mener son administration - traditionnellement pro-arabe et marginalement antisémite - sur le nouveau chemin que semble emprunter la France au niveau international ? Comment comprendre que Nicolas Sarkozy ait proposé ce ministère à Hubert Védrine avant que de l'offrir à Kouchner ?

S'agissant de l'administration du Quai d'Orsay, il faut noter qu'un groupe de diplomates a publié - sous pseudonyme - une tribune libre dans l'édition du 27 avril 2007 du journal Le Monde, sous le titre : "Agir d'urgence au Moyen-Orient". Ce texte était censé synthétiser un rapport modestement destiné à éclairer le futur président de la République. Voilà donc un groupe de diplomates d'un pays, la France, qui aspire à l'universalité, à l'exemplarité universelle, qui - dans un contexte international caractérisé par la résurgence de l'impérialisme russe, les menaces nucléaires iranienne et nord-coréenne, la déstabilisation du Pakistan - ne voit comme autre urgence pour le président de la République  nouvellement élu que de relancer sa politique arabe. Accessoirement il est précisé dans leur texte que : "L'obstacle majeur à toute avancée vers la stabilisation [du Moyen-Orient] reste le conflit israélo-palestinien." Comme si le conflit entre l'Iran et l'Irak, le nettoyage ethnique à l'oeuvre dans ce dernier pays, la permanence islamiste en Egypte et en Algérie, par exemple, avaient quelque chose à voir avec Israël... Bernard Kouchner va avoir besoin de courage... à moins que ce soit le cas des diplomates du Quai d'Orsay.

Ce bouleversement est d'autant plus surprenant que Nicolas Sarkozy avait préalablement proposé le poste de ministre des Affaires étrangères à Hubert Védrine, tenant précieux de l'orthodoxie du Quai d'Orsay, caractérisé certes par un anti-américanisme courtois et un anti-sionisme nonchalant. Que cela veut-il dire ? Que peut bien signifier le fait de proposer le même poste à deux personnalités si antinomiques sur le plan politique ? Soit que le nouveau président n'en a strictement rien à faire de la politique internationale de la France et qu'il est prêt à la laisser voguer au gré des humeurs de son ministre des Affaires étrangères... C'est peu probable. Ou bien, à l'inverse, qu'il entend garder un contrôle si étroit sur cette matière, en faire un domaine non plus réservé mais exclusif de son autorité, qu'il peut se permettre de le confier à un homme politique de gauche, éloigné (Védrine) ou proche (Kouchner) de ses positions. Ce n'est pas de bonne augure pour Bernard Kouchner.

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commentaires

P
Aie aie aie!!!<br /> Robert...sacré Robert, tu vas déchaîner les foules...<br /> Concernant La Piv tu commences à savoir ce que je pense de notre playmobil de président...<br /> Rien de bon pour Kouchner?Avec Boutin, sans parler de l'autre tête de raie..;J'ai perdu son nom...Il s'occupe de la com de monseigneur " de la politique pédagogique" il parait qu'il va faire....Morte de rire...<br /> Rien de bon pour le gouvernement...Mais pour non plus...Pas encore le chili certes....<br /> Amicalement
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R
Rires... quoique le Chili ait du bon : il y a un importateur de vin chilien au pied de mon immeuble et je ne me lasse pas d'explorer le vignoble de ce pays, un vrai régal.<br /> En tout cas, Sarkozy président, ça réveille ! Rires<br /> Amicalement,