A force d'efforts destinés à lever l'ambiguïté constitutive des institutions actuelles de la France, le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, finit par prendre quelques accommodements avec les charges mêmes de sa fonction.
S'il a entièrement raison de dénoncer l'hypocrisie consistant à faire croire que c'est le gouvernement qui mène seul la politique du pays et que le président n'en est en rien responsable - légalement, c'est-à-dire devant l'Assemblée nationale, et politiquement à savoir devant le corps électoral -, il n'en reste pas moins qu'un certain nombre de formes doivent être respectées.
La France est dotée d'institutions, régies au premier chef par une Constitution, dont l'article 5 dispose que : "Le président de la République veille au respect de la Constitution." Or aucun des quinze articles du titre II de la Constitution, qui concerne les pouvoirs du président, ne comprend le verbe "gouverner". Et pour cause : le titre III, qui suit, décrit l'ensemble des pouvoirs et des missions du gouvernement ; son article 20 précise même que : "Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation."
Si le président de la République veut "gouverner" - ce qui, sur le fond, se défend parfaitement - il lui faudra peut-être modifier le texte constitutionnel.