Les développements récents de l'histoire soulignent à quel point les erreurs et les errements de dirigeants peuvent coûter cher au peuple qu'ils sont chargés de conduire. A cette aune, Slobodan Milosevic et Yasser Arafat sont respectivement les fossoyeurs du projet national serbe et du projet national palestinien.
C'est bien la sauvagerie, la barbarie dans certaines circonstances, des nationalistes serbes qui a conduit la communauté internationale à intervenir dans l'ex-Yougoslavie. La constellation de communautés dispersées sur le territoire de l'ancienne fédération rendait impossible une scission apaisée entre les différentes Républiques la composant. La communauté internationale aurait très certainement fermé les yeux sur une guerre qu'elle jugeait inévitable : on peut en voir la preuve dans l'extrême réticence qu'elle a mis à intervenir. Mais la façon dont cette guerre a été menée, le siège de Sarajevo, les massacres de Srebrenica, la politique de viols systématiques, l'épuration ethnique au Kosovo, l'horreur aux portes de l'Europe réconciliée, ont monté l'ensemble du monde civilisé contre le régime serbe.
Slobodan Milosevic tient une part prépondérante dans cette politique du pire qui, outre soulever le coeur, a conduit la Serbie à perdre jusqu'au Kosovo - berçeau de l'identité serbe. Les erreurs et les errements de Milosevic ont conduit la Serbie à se réduire à elle-même, dépouillée du Kosovo et bientôt du Monténégro.
Quant à Yasser Arafat, comment ne pas songer à son refus de la proposition d'Ehoud Barak, alors premier ministre d'Israël ? A Camp David, réunis à l'initiative de Bill Clinton en fin de mandat, Ehoud Barak a tenté le tout pour le tout pour obtenir un accord de paix - et ainsi gagner l'élection législative dans son pays. Israël et les communautés juives de par le monde se sont pétrifiées à l'énoncé des concessions envisagées par Barak en échange d'un traité de paix : restitutions croisées de territoires ; Jérusalem comme capitale de l'Etat palestinien ; souveraineté palestinienne sur les Lieux saints de Jérusalem. Mais visiblement ce n'était pas suffisant pour Arafat. Son incompréhension, réelle ou feinte, du fait israélien et du fait juif a été lourde de conséquences... pour le peuple palestinien.
Comment ne pas être stupéfait quand, dans une interview réalisée juste après Camp David, il déclare - hilare - refuser la souveraineté d'Israël sur le Mur des Lamentations, alors qu'on vient de lui offrir la souveraineté sur l'Esplanade des Mosquées, au motif que personne n'accepterait de concéder les fondations de sa maison... Aujourd'hui, quand on voit l'état du projet national palestinien miné par les dissensions, la société palestinienne s'engager inéluctablement dans la guerre civile, il est difficile de ne pas être frappé par le manque de clairvoyance du leader historique de la cause palestinienne, et des conséquences de son aveuglement.