Le traitement médiatique différencié entre la situation d'Ingrid Bétancourt et celle de Gilad Shalit est saisissant. L'une a droit à une couverture médiatique exceptionnelle - rappels incessant de sa situation sur les grands médias, colloques, concerts, parainages de chanteurs, visites de la famille à l'Elysée ; l'autre demeure dans l'anonymat, à l'exception du rappel du premier anniversaire de sa détention.
Pourtant la similarité de leur condition saute aux yeux. Tous deux ont la double nationalité - franco-colombienne pour elle, franco-israélienne pour lui : en d'autres termes, Gilad Shalit est tout aussi Français que l'est Ingrid Bétancourt. On pourrait imaginer que le fait qu'il soit soldat dans l'armée israélienne introduise une distance fonctionnelle qui lui donnerait un statut particulier. Mais faut-il rappeler qu'Ingrid Bétancourt était candidate à l'élection présidentielle colombienne ? Difficile d'imaginer plus grand distance avec la France. Serait-ce alors parce qu'en tant que soldat Gilad Shalit prendrait des risques qui amodieraient son statut d'otage ? Mais Ingrid Bétancourt a pris des risques démesurés (pour ne pas dire démagogiques) en s'aventurant dans une zone totalement contrôlée à l'époque par les guérilleros du FARC, dans le but de donner un écho médiatique à sa campagne électorale.
Non, Ingrid Bétancourt et Gilad Shalit sont dans une situation quasi identique, mais ne bénéficient pas du même soutien. Rares sont les commentateurs à parler du soldat "franco-israélien" ; imagine-t-on décrire Ingrid Bétancourt comme une "otage colombienne" ? La différence fondamentale entre les deux otages est que l'un est israélien et juif. Cela suffit sans doute aux yeux de beaucoup à dévaloriser sa condition d'otage.