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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 18:57

Hier, le 25 septembre 2011, la gauche a obtenu la majorité absolue au Sénat lors du renouvellement de la moitié des sièges de sénateurs. Il est difficile de prédire quelles seront les conséquences de cette victoire  historique tant elles sont contradictoires et intriquées.

 

Il n'est pas utile de revenir sur l'absence de conséquence marquante sur les rapports de force institutionnels : l'Assemblée nationale, où l'UMP est majoritaire, a le dernier mot sur le Sénat dans le vote des lois ; le vote de la règle d'or des finances publiques réclamait déjà une majorité qualifiée au Congrès. Seul le vote des lois organiques en serait éventuellement affecté.

 

En revanche, l'impact politique est plus incertain. Que Nicolas Sarkozy aurait préféré remporter ces élections est une évidence ; mais l'effet délétère sur sa dynamique de campagne électorale pour la présidentielle est plus sujet à caution.

 

En premier lieu, il sera plus difficile de taxer le président actuel d'autocrate fleurtant avec l'esprit des institutions, un omniprésident étouffant toute opposition. Après avoir consacré la nomination d'un membre de l'opposition à la première présidence de la Cour des comptes et à la présidence de la commission des finances de l'Assemblée nationale, il restera comme contemporain du basculement du Sénat à gauche, que Lionel Jospin alors premier ministre socialiste annonçait comme impossible.

 

Par ailleurs, si la gauche obtient là un moyen institutionnel de rétorsion non négligeable entre ses mains dans les sept mois qui sépare de l'élection présidentielle, cette arme nouvelle est à double tranchant : désormais, la gauche ne sera plus tout à fait dans l'opposition, dominant une des deux chambres du Parlement, il sera loisible pour le candidat de la majorité de la renvoyer dans un certaine mesure à un statut de sortant, en fonction de l'attitude qui aura été la sienne dans les mois qui viennent. Tout particulièrement, s'agissant des finances publiques, la posture de l'opposition à la tête de la chambre haute française pourrait influencer, suivant le cours des événements politiques en France,  le jugement des agences de notation sur la capacité du pays à mettre en oeuvre des politiques crédibles de retour à l'équilibre budgétaire. Souvenons-nous que la dégradation de la note des Etats-Unis et de l'Italie tirent leur origine moins dans leur situation financière objective que dans les atermoiements de leur classe politique.

 

Nicolas Sarkozy pourrait incidemment se prévaloir d'un pouvoir de ralentissement accru du Sénat pour justifier le fait que, outre la crise financière, la nouvelle donne politique sénatoriale l'a empêché de mener à bien telle ou telle réforme qu'il s'était engagé à conduire.

 

Il en va également ainsi du rôle des candidatures dissidentes lors des élections sénatoriales de 2011, elles pourraient soit servir le président sortant, soit sonner le glas de ses espérances de réélection. L'incapacité de l'UMP à empêcher que des candidats non investis se présentent contre les candidats du partis, l'emporte, et viennent faire défaut à la majorité sénatoriale peut être un signe que la main du Président de la République n'est plus aussi ferme qu'auparavant (sans même parler ici de la vraie défaite de Jean-François Copé), que les représailles qu'il pourrait envisager ne sont plus aussi dissuasives, comme un avant-goût de fin de règne. Cette conviction pourrait décider Jean-Louis Borloo à se présenter à l'élection présidentielle comme candidat du centre. Inversement, le résultat catastrophique de quelques divisions pourrait faire office d'électro-choc et conduire les différentes composantes de la droite républicaine et du centre à serrer les rangs de crainte de perdre l'élection présidentielle, défaite qui aurait cette fois des conséquences autrement lourdes.

 

L'effet de légitimité, et l'inversion du calendrier électoral qui place désormais les législatives avant la présidentielle, fait que la perte de la présidentielle entraîne une perte considérable de sièges à l'Assemblée nationale ; passer dans l'opposition prive un des deux camps de tous les avantages liés à la capacité de nomination. Nul doute que les nombreuses personnalités politiques concernées - notamment les députés -  qui pouvait regarder les élections sénatoriales comme anecdotiques, verraient d'un tout autre oeil la perspective de basculer dans l'opposition... et surtout pour combien de temps ?

 

 

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