L'extension planétaire du réseau Internet devait nous apporter des bienfaits jamais connus jusque là dans l'histoire de l'humanité. Au règne du secret et de la dissimulation à l'abri desquels les pires horreurs pouvaient se dérouler en toute impunité devait, nous disait-on, succéder une transparence salutaire à l'origine d'une convergence démocratique, vertueuse et citoyenne sur l'ensemble de la planète.
Or force est de constater quelques années plus tard qu'il n'en est pas ainsi, tant s'en faut. Les pays démocratiques sont affrontés au risque d'une transparence absolue dont les révélations de Wikileaks ne forment que la face la plus visible : chaque utilisateur d'Internet est individuellement exposé à une intrusion sans limites dans son intimité, sa vie professionnelle, son comportement économique.
Inversement, les pays les moins ouverts, les dictatures au premier chef dont la Chine et l'Iran forment des exemples, démontrent qu'ils disposent des moyens techniques et de la capacité de rétorsion économique pour interdire - partiellement ou totalement - l'accès à Internet.
Au total, c'est davantage les pays de liberté qui sont exposés aux excès de la transparence que les dictatures qui sont contraintes à l'ouverture sous la pression de cette dernière.