Dans ces temps de crise économique, budgétaire et financière, le climat général des commentaires est - comme tous les dix ans environ - d'annoncer le déclin des Etats-Unis et la montée en force de puissances émergentes, la Chine au premier chef. Ces augures s 'accompagnent toujours de comparaison qui mettent en regard des zones économiques non comparables. Il en est souvent ainsi des Etats-Unis (un Etat) dont la puissance économique est rapportée à celle de l'Union européenne (27 Etats).
Comme toujours, il faut revenir aux chiffres - même les plus simples - pour apprécier la réalité des situations, en comparant ce qui est comparable : soit des pays, soit des zones économiques répondant aux mêmes critères, en l'occurrence des zones de libre échange.
Les chiffres du Fond monétaire international (FMI) pour l'année 2010 montre que le Produit intérieur brut de la Chine s'élevait à 5 878 milliards de dollars américains ($), celui des Etats-Unis à 14 657 milliards de $ et celui de l'Union européenne à 16 272 millards de $. Le PIB de la Chine pèse donc 40 % du PIB américain et 36 % du PIB de l'Union européenne.
Pour comparer ce qui est vraiment comparable il faut mettre en regard les PIB des principales zones de libre échange : l'Union européenne et l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain, en anglais: North American Free Trade, soit NAFTA). L'ALENA, composée des Etats-Unis (14 657 milliards $) , du Canada (1 574 milliards $) et du Mexique (1 039 milliards $), a un PIB global de 17 270 milliards de $, soit presque 1 000 milliards de $ de plus que l'Union européenne.
Par ailleurs, la Chine est un pays immensément peuplé. Il convient donc d'utiliser le PIB rapporté au nombre d'habitants. Les chiffres 2010 de la Banque mondiale montrent que celui de la Chine est de 4 393 dollars américains par habitants contre 32 241 $ par habitant pour l'ALENA et 32 900 $ pour l'Union européenne. Le PIB par habitant du Mexique lui-seul (9 580 $ par habitant) est plus du double de celui de la Chine.
En d'autres termes, si la Chine rachète aujourd'hui de la dette souvernaine des Etats européens en difficulté, comme elle a massivement investi dans les bons du Trésor américain, c'est au prix d'un non accroissement de la richesse des Chinois, sous la forme d'une exploitation d'une partie de la population chinoise au bénéfice d'une minorité localisé dans les zones de forte croissance économique.
La Chine est un nain économique, ses excédents de liquidité démontrent qu'elle n'investit pas dans ses infrastructures, dans les facteurs endogènes de développement qui lui permettraient de faire sortir la majorité de sa population du sous-développement.
A terme, c'est donc à une explosion sociale et politique que nous allons assister, pas à un effondrement des pays développés dont le niveau de richesse continue de tirer vers le haut les économies émergentes.