Nicolas Sarkozy va être élu pour un second et dernier mandat présidentiel en mai prochain.
Tout pourtant laisserait à penser qu'il n'a presque aucune chance de se succéder à lui-même : chômage en hausse, crise économique, alourdissement de la fiscalité, rejet de sa personnalité, presse majoritairement opposée à lui... Dans un régime parlementaire, où le chef de l'exécutif est le leader du parti ou de la coalition ayant remporté les élections au Parlement, il n'aurait strictement aucune chance d'être réélu.
Mais voilà, les institutions de la Vème République confèrent au président des pouvoirs plus importants, plus vastes et plus complets, qu'à tout autre chef de l'exécutif dans le monde occidental, et même dans toute démocratie sur la planète. En France, tout - absolument tout - procède du président. Au surplus, la France est une des rares puissances nucléaires de la planète et dispose d'un statut de membre permanent au conseil de sécurité des Nations unies, avec droit de veto.
Par conséquent, c'est au fond de la personnalité des candidats que jugent les Français avant tout autre argument : même si cela n'est jamais dit comme ça, ce n'est ni le bilan ni le programme ni les équipes qui comptent, c'est la personnalité d'un homme, ou d'une femme un jour ou l'autre. Si Ségolène Royal a échoué, ce n'est pas parce qu'elle est une femme, c'est parce que sa personnalité a été jugé pas à la hauteur de la tâche écrasante qu'est celle de président de la République.
C'est pour cette même raison que Nicolas Sarkozy va être réélu, probablement même avec une marge confortable, parce qu'aucun de ses concurrents n'a l'envergure pour le poste. C'est pour cette raison précise qu'il n'aurait eu quasiment aucune chance de vaincre Dominique Strauss-Kahn, parce que ce dernier - lui - avait cette enveloppe, cette profondeur, cette solidité, qu'on réclame du chef de l'Etat français.
A cette aune, François Hollande, ses regards perdus parfois à la télévision, François Bayrou et ses admonestations à ce que tout le monde soit beau et s'aime, ne présentent pas l'étoffe suffisante pour le poste.
Il se trouve, de plus, que la crise économique internationale renforce encore la nécessité d'avoir une " pointure " à l'Elysée : contre toute attente, plus la situation économique va mal, plus les choses se présentent bien pour Nicolas Sarkozy, en dépit du fait que la conjoncture continue d'alourdir son bilan.
Des candidats qu'on lui présentait pour un poste de général, Napoléon, dit-on, avait coutume de demander s'il avait de la chance, tant il considérait que cette "qualité" impalpable avait une importance cruciale. On pourra dire ce qu'on veut de Nicolas Sarkozy, mais il aura été un leader doté d'une chance sans pareil : avoir eu face à lui Ségolène Royal et François Hollande au lieu de Dominique Strauss-Kahn lors des deux scrutins présidentiels auquel il s'est présenté ; avoir exercé sa charge au coeur d'une tourmente financière qui, paradoxalement, aura assuré sa réélection.