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22 février 2006 3 22 /02 /février /2006 19:30

Les sévices endurés et la mort ignoble d'Ilan Halimi soulèvent un problème terminologique fondamental. Ilan Halimi a été torturé. Que suggère désormais ce terme après qu'il a été abondamment galvaudé depuis des années, particulièrement depuis la seconde guerre du Golfe, l'ouverture du camp de Guantanamo, et la révélation des mauvais traitements subis par les détenus de la prison d'Abou Graïb.

En d’autres termes, et pour reprendre la description des « tortures » ainsi administrées, les tortionnaires de Ilan Halimi l’ont-ils empêché de dormir ? L’ont-ils exposé à des températures extrêmes ? A des sons insupportables ? Ont-ils profané la Torah devant lui ? L’ont-ils jetée dans les toilettes ? L’ont-ils contraint à adopter des postures inconfortables ? A contempler des femmes nues venant se frotter impudiquement contre lui ? Est-ce donc cela la torture ?

A nous avoir laissé penser que c’était le cas, la presse encoure le reproche aujourd’hui de minimiser ce qu’a subi Ilan Halimi, les souffrances qu’il a endurées pendant trois semaines et qui l’ont conduit à la mort. Malheureusement, il n’y a guère de doute qu’Ilan Halimi a subi bien plus que ce qui vient d’être décrit. Peut-être, hélas, l’apprendrons-nous dans les jours ou les semaines qui viennent.

Pour en revenir à la frontière terrible entre mauvais traitements et torture, il faudrait que les médias fassent un travail sur eux-mêmes pour tenter sinon de la définir tout au moins de l’approcher. Si l’on se remémore ce qui se passait dans les geôles sud-américaines il y a trente ans, chacun d’entre nous peut – en conscience avec lui-même, elle-même – envisager ce qu’il craindrait le plus : être exposé à un froid intense ou recevoir des décharges électriques sur les testicules ? Etre violée par des chiens ou humiliée en étant promenée en laisse ? Subir des coups de perceuses électriques dans les genoux ou avoir la tête secouée en tous sens ?

La terrifiante notion « d’usage limité de la force», un temps reconnue par la Cour suprême israélienne, devrait nous inciter à ouvrir de nouveau le débat : l’installation, hélas pour de longues années encore, dans une période marquée par le terrorisme conduira un jour ou l’autre nos sociétés à réfléchir à la définition de la frontière entre mauvais traitements et torture.

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