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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 11:41

La richesse en liquidités de la Chine, notamment placée dans les bons du Trésor émise par les Etats-Unis, ne laisse pas de surprendre.

 

S'il s'agissait d'un de ces rares Etats de par le monde, développés, suréquipés, surdotés en équipements publics, dont la population bénéficie d'un état de santé et d'un niveau de vie élevé, dont la Suisse ou la Norvège forment les exemples, ce souci de placer des excédents budgétaires dans des placements sûrs relèverait de la bonne gestion.

 

Mais, en l'occurrence, la Chine n'est pas un Etat développé... loin de là. Le volume de son PIB induit la plupart des commentateurs en erreur : si la Chine est une puissance économique c'est qu'elle est immense, tout simplement. La majeure partie du pays est sous developpé, seules les provinces côtières connaissent un développement économique notable.

 

En d'autres termes, la Chine est un empire colonial, ses provinces côtières exploitent la richesse principale des provinces intérieurs : la main d'oeuvre.

 

La Chine investit ses liquidités dans des pays étrangers alors que - en moyenne, dans l'ensemble de son territoire - le réseau routier, les infrastructures, le système de santé, le système éducatif, sont ceux d'un pays en développement.

 

La Chine fonctionne selon l'ancestral système colonial, fondé sur l'exploitation des richesses de territoires allogènes par une métropole en développement.

 

Nul doute que, tôt ou tard, la Chine - pourtant donneuse de leçons en la matière - connaîtra le sort qu'ont connu les autres empires coloniaux : le désir d'affranchissement de ses colonies, leur aspiration au développement économique à leur tour.

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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 17:17

Le débat relancé par le rapport de Daniel Vaillant recommandant la légalisation du canabis n'est ni indigne ni incongru. Les arguments avancés par les partisans et les opposants de la légalisation sont à prendre en compte parce qu'ils sont souvent pertinents, même s'ils activent puissamment le clivage droite/gauche en suscitant chez les uns le désir presque réflexif  d'autoriser ce qui est interdit et, chez les autres, d'interdire ce qui contrevient aux bonnes moeurs.

 

Ce débat n'est pas récent, Francis Caballero, avocat, avait déjà avancé l'ensemble des éléments contenus dans le rapport Vaillant et les avaient formalisés dans un ouvrage paru en 1989 aux éditions Dalloz sous le titre : " Droit de la drogue ". L'argument de fond des partisans de la légalisation est que, à l'instar de la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis, la pénalisation de la culture et de la consommation du canabis n'empêche en rien son usage mais n'a comme effet que de susciter une délinquance massive autour de son trafic. Cette idée n'est pas à écarter d'un revers de la main, elle a son sens et sa pertinence. Sans aucun doute, c'est bien parce que l'usage du canabis est interdit que ce dernier a un niveau de prix qui rend extrêment rentable son exploitation illicite ; dépénalisé, le canabis devrait devenir abondant et libre, et par conséquent son prix baisser, entraînant l'éradication des mafias qui en vivent.

 

Inversement, les arguments des contempteurs de la légalisation sont tout aussi pertinents, notamment le risque de développement de la consommation en contradiction avec les préoccupations de santé publique, et le besoin de transgression qui se reporterait sur d'autres stupéfiants.

 

Le point qui n'est pas pris en compte jusqu'à maintenant dans ce débat est la structure de marché des stupéfiants. Il n'est pas judicieux - en l'état actuel du débat - de prendre exemple sur les marchés du tabac et de l'alcool pour essayer de démontrer que la légalisation du canabis banaliserait sa consommation à l'image de ces deux types de produits en vente libre. La grande différence vient du choix intégral des produits tabagiques et alcoolisés. Tout consommateur a à sa disposition l'ensemble de la gamme existante, et pas un produit unique. Entrer dans un bureau de tabac c'est avoir en un regard tout ce qui peut être fumé ; se rendre dans n'importe supermarché permet de voir s'étaler sur d'immenses rayonnages tout ce qui peut être bu.

 

Par conséquent, légaliser un seul stupéfiant pourrait aboutir à reporter sur d'autres produits les dérives actuellement dénoncées s'agissant du canabis. Tout particulièrement, les mafias et les bandes qui vivent du trafic de canabis sont des entreprises parfaitement structurées d'approvisionnement, de revente et de distribution. Il serait fort surprenant qu'un marché s'effondrant, elles ne se comportent pas comme des entreprises traditionnelles en se reportant sur des produits plus porteurs qu'elles s'appliqueraient à faire connaître et à promouvoir auprès des consommateurs de canabis.

 

Au surplus, rien ne dit que la fixation du niveau des prix du canabis ne finirait pas par susciter une contrebande : les campagnes de santé publique qui visent le tabac l'intégreraient et jouerait donc sur le prix, l'un des rares éléments dissuasif pour les consommateurs.

 

Au final il est à se demander si le vrai débat n'est pas celui - à l'image de celui qui a affecté la consommation de tabac et d'alcool - qui concerne la légalisation de l'ensemble des stupéfiants.

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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 12:00

La sortie de Jacques Chirac quant à son intention de voter pour François Hollande lors de la prochaine élection présidentielle n'a rien de surprenant et est, au contraire, tout à fait cohérente avec la situation qui prévaut depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007.

 

Affirmer que Chirac ne fait plus de politique depuis la fin de son mandat est une contre-vérité dont la présence, pour ne pas dire l'omni-présence, médiatique de Dominique de Villepin atteste régulièrement.

 

Ce dernier, qui ne représente strictement rien d'un point de vue politique, n'a jamais eu de mandat représentatif, ne pèse donc d'aucun poids électoral, se voit pourtant régulièrement invité à donner son sentiment dans les plus grands médias - notamment audiovisuels aux heures de grande écoute.

 

Pourquoi si ce n'est parce que chacun sait qu'il répercute la parole de Jacques Chirac qui s'est engagé - mais pourrait-il faire autrement ? Il n'est que de voir la polémique qui suit son refus de voter pour le candidat de son camp - à ne pas commenter l'action de son successeur ?

 

Dominique de Villepin cessera d'être visible médiatiquement le jour où Jacques Chirac aura disparu.

 

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 12:08

L'achèvement prochain d'un système de boucliers anti-missiles par Israël est peut-être en train de révolutionner, sans bruit, la donne au Proche-Orient, au Moyen-Orient... et au-delà.

 

De nombreux pays, tout particulièrement européens, avancaient la nécessité d'une solution négociée en ce qui concerne l'aspiration de l'Iran à se doter de l'arme atomique, en tenant pour acquis - avec un cynisme et une certaine lâcheté - qu'au seuil du véritable danger, l'armée israélienne interviendrait et règlerait la question. Ces pays en seraient quitte pour quelques protestations, une condamnation d'Israël, et - en toute discrétion - un énorme soupir de soulagement.

 

Or il semblerait qu'Israël soit en passe de réaliser ce qu'aucun autre pays n'a fait jusqu'à maintenant, sanctuariser son territoire contre toutes les formes de missiles sol-sol, quelle que soit leur charge et quelle que soit la distance à laquelle ils sont tirés. En d'autres termes, qu'ils viennent de Gaza, du sud-Liban, d'Iran ou d'ailleurs, les missiles seraient interceptés - sans doute, s'agissant de l'Iran, très peu de temps après leur lancement, c'est-à-dire au-dessus du territoire du pays agresseur.

 

Israël mettrait à profit ce qui a toujours été son handicap en termes de profondeur stratégique : l'étroitesse de son territoire. Il est plus aisé de défendre un espace restreint que de se doter d'un dispositif anti-missiles sur un territoire aussi vaste que l'Europe, les Etats-Unis, la Russie ou la Chine.

 

Si une telle situation devait advenir, la "carte" israélienne  n'aurait plus cours, l'armée israélienne ne pourrait plus être vue comme un recours ultime : on ne voit pas en quoi cette dernière interviendrait en Iran pour éviter que des missiles porteurs de charges nucléaires menacent l'Europe, des Etats arabes ou des bases américaines, dès lors que le territoire israélien serait mis à l'abri de ce danger. Les partisans proclamés du statut quo, des solutions négociés à n'en plus finir qui, d'ultimatums en ultimatums non respectés, laissent le temps à l'Iran de parvenir à ses fins, se trouveraient brusquement confrontés aux conséquences de leur posture, au premier chef la menace de leur propre territoire.

 

Le second enseignement à tirer de la sanctuarisation du teritoire israélien est que ce bouclier anti-missiles ne pourrait pas se limiter au territoire hébreu stricto sensu. Si l'on prend comme hypothèse la possibilité d'emplois d'armes non conventionnelles (bactériologiques, chimiques, nucléaires), compte tenu de l'exiguité du territoire israélien, il n'est pas envisageable qu'une charge puisse frapper un pays limitrophe, et donc très proche. L'ironie serait donc que le bouclier anti-missiles d'Israël devrait protéger également ses voisins : pays/territoires amis ou neutres (Egypte, Jordanie, Cisjordanie), et d'autres ennemis déclarés (Gaza, Syrie, Liban). En d'autres termes, la protection d'Israël s'étendrait (s'étendra ?) à ses plus farouches adversaires cependant que les pays arabes les plus hostiles à l'Iran, ainsi que l'Europe, se trouveraient exposés à la menace d'une arme atomique perse.

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 11:25

Les révoltes qui secouent actuellement certains pays arabes ont donné le coup de grâce à une antienne qui prévalait dans nombre de chancelleries occidentales, et jusqu'au plus haut sommet de l'Etat américain : à savoir que les rapports d'Israël avec ses voisins - tout particulièrement les Palestiniens - formerait l'alpha et l'omega de la vie politique et sociale du Proche et du Moyen-Orient. Rien de ce qui existerait politiquement, les rapports sociaux, les prises de position, la montée de l'islamisme radical, rien donc ne pourrait être abordé indépendamment du rôle d'Israël. Par voie de conséquence, la priorité - nous affirmait-on - devait être de réduire le conflit israélo-arabe, israélo-palestinien suivant les interprétations. C'était l'un des axes prioritaires de la présidence Obama : contraindre Israël à conclure un accord de paix avec les Palestiniens, quelqu'en soit le coût ou les risques.

 

Or ce que démontrent les révoltes en cours, c'est que la structuration politique et sociale des pays concernés n'a rien à voir avec l'existence d'Israël. Ce n'est pas en opposition ni même en référence à l'Etat juif que s'inscrivent les soulèvements des populations.

 

En revanche, les formes de leadership qui pourraient émerger à la suite de ces révoltes impactent eux fortement la situation moyen-orientale, et même au-delà. Ainsi la décision de l'Egypte de laisser deux navires de guerre iraniens transiter par le canal de Suez à destination d'un port syrien pourrait être le signe annonciateur d'un renversement de posture d'un des pays les plus stables du monde arabe. 

 

L'enjeu est de taille : à l'instar de ce que l'on observe dans tous les processus révolutionnaires, il est fort probable que ce ne seront pas des représentants des émeutiers qui accèderont au pouvoir mais sûrement les forces les plus organisées, à savoir les mouvements islamiques plus ou moins radicaux. En d'autres termes, dans le meilleur des cas  - d'un point de vue géopolitique - les pouvoirs resteront inchangés ; dans tous les autres cas de figure il est fort probable que l'on assistera à une tension régionale, plus ou moins forte suivant le positionnement des nouveaux pouvoirs arabes à l'égard d'Israël.

 

 

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 12:02

L'élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis d'Amérique a suscité un flot de commentaires prédictifs, les uns lui promettant une place dans l'histoire digne de John Fitzgerald Kennedy (fin tragique mise à part), les autres avertissant qu'il se réservait une présidence à la Jimmy Carter, marquée par un recul sans précédent de l'influence américaine dans le monde.

 

Force est de constater que le président américain a, dès le début de son mandat, fait l'objet d'une hagiographie dont le point d'orgue fut l'attribution du prix Nobel de la paix. Quoiqu'il réussisse ou qu'il échoue, Obama est d'ores et déjà entré dans l'histoire.

 

Cela ne dispense pas pour autant d'observer sa présidence en cours, tout particulièrement à la lumière de celle de Jimmy Carter, tant les similitudes géopolitiques sont saisissantes.

 

Barack Obama s'est donné comme mission fondamentale de sa présidence le rapprochement avec le monde arabe, exprimé spectaculairement dans son discours du Caire du 4 juin 2009, et dans la pression mise sur Israël pour l'obtention de concession destinées, selon lui, à finaliser un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens.

 

Or, si sa présidence est marquée par les soulèvements iraniens, tunisiens, et maintenant égyptiens, on doit constater que la dictature iranienne est toujours en place, menacant au premier chef les régimes arabes modérés, et que - au contraire - deux régimes parmi les plus stables du monde arabe, la Tunisie et l'Egypte, sont en proie à une agitation politique et sociale dont nul ne peut prédire les développements.

 

Rappelons que l'instauration d'une théocratie en Iran s'est faite à partir d'une révolution populaire qui a renversé le Chah, à la fois dictateur et promoteur d'une modernité pour son pays ; surtout, cette révolution s'est opérée sous la présidence de Jimmy Carter qui avait fait des droits de l'homme et de la promotion de la démocratie son cheval de bataille.

 

Renversement d'un dictateur, promotion de la démocratie, accession d'islamistes radicaux au pouvoir... espérons que le précédent iranien, accompli sous une présidence inspirée par une idéologie similaire à celle de Barack Obama, ne conduise pas - au moins s'agissant de l'Egypte - au même résultat.

 

La menace iranienne, toujours présente, conjuguée à la prise de contrôle de facto du Liban par le Hezbollah, et à l'éventuelle accession des Frères musulmans au pouvoir en Egypte, formerait une menace sans précédent pour la paix du monde.

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 11:32

L'extension planétaire du réseau Internet devait nous apporter des bienfaits jamais connus jusque là dans l'histoire de l'humanité. Au règne du secret et de la dissimulation à l'abri desquels les pires horreurs pouvaient se dérouler en toute impunité devait, nous disait-on, succéder une transparence salutaire à l'origine d'une convergence démocratique, vertueuse et citoyenne sur l'ensemble de la planète.

 

Or force est de constater quelques années plus tard qu'il n'en est pas ainsi, tant s'en faut. Les pays démocratiques sont affrontés au risque d'une transparence absolue dont les révélations de Wikileaks ne forment que la face la plus visible : chaque utilisateur d'Internet est individuellement exposé à une intrusion sans limites dans son intimité, sa vie professionnelle, son comportement économique.

 

Inversement, les pays les moins ouverts, les dictatures au premier chef dont la Chine et l'Iran forment des exemples, démontrent qu'ils disposent des moyens techniques et de la capacité de rétorsion économique pour interdire - partiellement ou totalement - l'accès à Internet.

 

Au total, c'est davantage les pays de liberté qui sont exposés aux excès de la transparence que les dictatures qui sont contraintes à l'ouverture sous la pression de cette dernière. 

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 15:02

La diffusion, par organes de presse interposés, des télégrammes d'ambassades américaines obtenus par Wikileaks montrent tout à la fois le caractère universel de la diplomatie américaine, qui ne peut ignorer aucune partie du monde, et la culture de la transparence de l'information qui caractérise cette société.

 

Surtout, s'agissant du Proche-Orient, et tout particulièrement de la course à l'accession à l'arme nucléaire dans laquelle l'Iran s'est engagée, les remontées d'information en provenance des ambassades américaine des principaux pays arabes et du Golfe montrent une saisissante conjonction d'intérêts entre Israël et ces derniers. Plus encore qu'Israël, qui est en train de parachever un bouclier anti-missile quasi-hermétique, les pays arabes sunnites craignent par-dessus tout que l'Iran - pays chiite - accède au statut de puissance nucléraire, obtenant par là tout à la fois une capacité de frappe terriblement destructrice et une arme de dissuasion à l'abri de laquelle elle pourrait mener en toute impunité des opérations de destabilisation de ces régimes.

 

Alors que les médias, notamment français, brodaient sur l'isolement d'Israël sur la scène internationale depuis l'opération "Plomb durçi" menée à Gaza fin 2008 et la reprise récente des constructions aux alentours de Jérusalem Est, on voit - tout au contraire - que l'Etat juif n'a jamais autant intégré à son environnement. Israël et les pays arabes sunnites sont des alliés objectifs dans la lutte pour empêcher l'Iran de franchir le seuil atomique ; l'agence de presse israélienne Metula News Agency avance que cette convergence a largement dépassé la simple conjonction d'intérêts pour atteindre une imbrication opérationnelle qui verrait des forces israélienne pré-positionnées y compris en Arabie saoudite en prévision d'une action militaire contre l'Iran.

 

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30 décembre 2008 2 30 /12 /décembre /2008 17:51

L’hôpital n’est pas une organisation « dysfonctionnelle » ou caractérisée par le dysfonctionnement de ses services, mais une structure « dysorganisée ». La « dysorganisation » est une forme d’organisation dont le fonctionnement sous-optimal est recherché par ses acteurs et qui les satisfait.


L’état normal, équilibré, d’une organisation est considéré comme étant son fonctionnement optimal, c’est-à-dire répondant à ses objectifs, maximisant les moyens engagés à cette fin. Si ce n’est pas le cas, c’est que la structure de l’organisation doit être améliorée et/ou que ses processus internes doivent être révisés. Or, à l’hôpital, une forme de fonctionnement sous-optimal peut exister parce que tout ou partie des acteurs de l’organisation trouvent là le moyen de recouvrer l’autonomie professionnelle dont ils sont autrement privés.


Quand il y a interaction entre organisation-structure et organisation-processus, le fonctionnement est jugé optimal, satisfaisant, fonctionnel : l’organisation-processus agit suivant les règles définies par l’organisation structure. Si ce n’est pas le cas, on parle de dysfonctionnement, de désorganisation, qui sont abondamment évoquées par la littérature sur le management : comment faire alors pour que l’organisation-processus s’adapte, soutienne et renforce l’organisation-structure ? Comment adapter l’organisation-structure pour qu’elle fluidifie et renforce l’organisation-processus ? Or ce n’est pas parce qu’il y avoir dysfonctionnement qu’il y a désorganisation, il peut exister un mode d’organisation recherché par ses acteurs et qui les satisfait tout en ne se conformant pas à la finalité de l’organisation-structure.

Le présupposé de l’ensemble des solutions avancées et que chacun dans l’organisation-structure a intérêt au fonctionnement optimal de l’organisation processus. Pourtant tous les membres de l’organisation-structure ne tirent pas avantage de son fonctionnement optimal : il peut y a coexistence de critères divergents de fonctionnement optimal, situation qu’on peut qualifier de « dysorganisation » pour mettre en évidence la concomitance entre dysfonctionnement et organisation. C'est ce qui vient d'être avancé dans un article de Robert Holcman intitulé : « La dysorganisation, un fonctionnement sous-optimal recherché par ses acteurs », publié dans le numéro 184 de la Revue française de gestion (Vol. 34, mai 2008, p. 35-50). 


La « dysorganisation » dans les hôpitaux publics est le symptôme d’un rejet de la légitimité bureaucratique. L’un des éléments de corroboration de cette « dysorganisation » s’observe a contrario au sein des services engagés dans des protocoles de recherche en collaboration avec des laboratoires pharmaceutiques. Au sein d’un même service, avec des personnels identiques, l’activité de recherche est caractérisée par la rigueur, l’organisation, le souci de la performance ; dans le même temps, avec les mêmes personnels et les mêmes équipements, l’activité clinique est marquée par une organisation plus relâchée et moins performante, par la « dysorganisation ».


L’explication que l’on peut avancer vient du basculement de rapport de forces qui s’est produit dans les établissements de santé publics après la modification de leur mode de financement. L’introduction, en 1983, du financement par dotation globale a limité les dépenses des établissements de santé et les a placés dans l’obligation de se confronter à la rareté et à ses corollaires, le coût d’opportunité et le concept de performance. Jusqu’à cette date, leur financement était à l’abri de la rationalité budgétaire, puisque calculé sur la base du système dit « au prix de journée », un mécanisme de financement inflationniste parce que calculé, en réalité, sur la base d’une constatation ex-post des dépenses engagées.


La réforme du mode de financement des hôpitaux a transformé l’organisation support en organisation dirigeante. La raréfaction des moyens budgétaires a contraint les établissement de santé à la performance et, par voie de conséquence, a considérablement accru le pouvoir des administrateurs par leur mise en situation de réducteurs de l’incertitude de l’organisation confrontée à son nouvel environnement. Dans la mesure où l’environnement représente une source d’incertitude pour l’organisation, les individus ou les groupes d’individus capables de réduire cette incertitude se trouvent en effet en situation d’exercer un pouvoir important


Chargées de l’allocation optimale des ressources affectées au fonctionnement des hôpitaux, les directions sont devenues partenaires d’un rapport de pouvoir avec les professionnels des hôpitaux qui, en retour, ont réagi à cette nouvelle situation en cherchant à accroître l’incertitude de l’organisation dirigeante à leur égard. La création ou l’accroissement d’une zone d’incertitude étant le moyen de renforcer sa position dans un rapport de pouvoir, c’est par le renforcement de sa zone d’incertitude à l’égard de l’organisation dirigeante que l’organisation soignante a répondu à l’incertitude budgétaire qui a remis en cause sa position dominante dans les hôpitaux. Ce rapport de pouvoir apparaît notamment dans la gestion contrastée du temps.


Les moyens d’un établissements de santé étant composés au trois-quarts de personnel, le critère déterminant dans l’allocation des moyens est la gestion de l’activité, et donc du temps de travail des agents – en particulier ceux affectés dans les services de soins. Si le temps du soin se plie au temps de l’organisation, c’est dès lors le temps de l’institution qui prime, et les services de soins subissent la domination d’une organisation bureaucratique des horloges. Dans ce contexte, l’organisation du travail dans les services de soins devient l’enjeu éminent de la lutte de pouvoir entre l’organisation dirigeante et l’organisation soignante, et détermine le mode de fonctionnement dénommé « dysorganisation ». 


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30 décembre 2008 2 30 /12 /décembre /2008 12:07
L'opération qui vient d'être lancée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza appelle un certain nombre de remarques, mais doit au fond être prise pour ce qu'elle est : la seconde phase de la guerre d'ores et déjà engagée entre l'Iran et Israël.

L'obtention de l'arme atomique par la république islamique d'Iran ne vise pas à obtenir une parité stratégique avec Israël dans le but d'atteindre un équilibre régional mais à inactiver la supériorité militaire conventionnelle d'Israël tout en disposant de leviers d'actions non conventionnels - Hamas au sud et Hezbollah au nord - contre lesquels l'état hébreu serait dès lors désarmé.

La capacité de frappe sol-sol dont disposent les deux groupes extrêmistes constitue une arme de dissuasion et de représailles potentielles à la disposition de l'Iran. En cas d'attaque israélienne contre l'Iran, ce dernier pays comptait utiliser massivement cette tenaille pour contraindre l'état hébreu à cesser son attaque, ou tout au moins inciter sa population à l'exiger.

Quels enseignements peuvent dès lors être tirés de la situation actuelle ?

D'une part que le Hamas s'était doté d'un armement non négligeable qui dépasse de loin les roquettes dites "artisanales" qu'on nous présente préparées dans des arrières cuisines par des apprentis chimistes. Des charges de 40 à 50 kg envoyées à quarante kilomètres de distances sont de véritables armes de guerre conventionnelles. Ces équipements ont été acquis en dépit d'un "blocus" censément hermétique : on peut se demander quels types de missiles et surtout de charges seraient actuellement envoyés sur Israël si l'aéroport et le port de Gaza étaient en état de fonctionnement. Le Hamas s'était donc lancé sur la voie ouverte par le Hezbollah en comptant obtenir les mêmes résultats en cas d'affrontement avec Israël : une relative - très relative - inefficacité de Tsahal et un prestige renforcé.

Or on s'aperçoit désormais que la guerre du sud Liban menée à l'été 2006 n'a pas été le fiasco décrit : alors que le Hezbollah pourrait mettre à profit les affrontements à Gaza pour ouvrir un second front au nord d'Israël il s'est à l'inverse abstenu de toute initiative pratique, son leader Nasrallah se contentant d'appeller les Palestiniens à une nouvelle Intifada, et les Egyptiens à un coup d'Etat. En d'autres termes, la dissuasion israélienne au sud Liban est plutot sortie renforcée de la dernière guerre qu'amoindrie.

Autre observation, les préparatifs pour une attaque terrestre montrent que les leçons de 2006 ont été tirées et que les frappes aériennes ne sont plus considérées comme la panacée permettant de résoudre toute crise avec un ennemi non conventionnel. S'il y a une attaque au sol, cela voudra dire aussi que l'armée israélienne a réussi à trouver une réponse opérationnelle aux conditions de combat qui lui avaient été imposées au sud Liban, et dont le Hamas s'est inspiré.

Dernier point, la destruction des tunnels au sud de la bande de Gaza apporte une démonstration de la capacité israélienne à identifier et à détruire des installations enfouies.

Au total, l'Iran voit ses deux alliés - Hamas et Hezbollah - privés d'une partie de leur pouvoir de nuisance qui aurait pu entraver Israël dans sa détermination à l'attaquer ; la destruction de cibles enfouies semble être maîtrisée ; enfin le raid mené contre des installations pré-nucléaires en Syrie il y a huit mois a démontré aux yeux des décideurs iraniens que l'état hébreux était en mesure d'aveugler leur moyens d'alertes, les mêmes que ceux dont disposaient les Syriens.

Ces deux premiers volets de la guerre avec l'Iran sont sans nul doute les deux étapes préliminaires de l'affrontement inéluctable entre Israël et l'Iran, pour priver - sans doute définitivement - ce dernier pays de toute possibilité de franchir le seuil nucléaire militaire. Il n'est pas certain qu'il y en ait d'autres...
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