Il n'est pas nécessaire de maîtriser la divination ou être un expert du marc de café et de la boule de cristal pour avancer un pronostic quant aux résultats du premier tour de l'élection présidentielle. Notons au passage que la règle institutionnelle n'oblige pas à un second tour comme le laissent supposer les commentaires sur le sujet : il suffit qu'un candidat recueille la majorité des suffrages exprimés dès le premier tour pour qu'il soit élu. Dans la pratique ce n'est jamais le cas et il y a "ballotage" (curieux que ce terme ne soit plus du tout employé) entre les deux candidats les mieux placés, ce qui donne lieu au second tour.
Les résultats, donc, du premier tour... Il y a fort à parier que Nicolas Sarkozy sera l'un des deux candidats qui aura recueillit le plus de suffrage, et sera qualifié pour le second tour. Le second candidat figurant au second tour sera une candidate : en dépit de la campagne sans queue ni tête qu'elle a menée, Ségolène Royal va bénéficier de la cristallisation naturelle des suffrages autour du socle de voix de la gauche. On peut même supposer que les électeurs de gauche, encore traumatisés (on le serait à moins) par l'absence de leur candidat au second tour de l'élection présidentielle de 2002, se mobiliseront fortement pour elle. Il n'est pas impossible, même, que Ségolène Royal devance Nicolas Sarkozy au premier tour. C'est également la mobilisation des électeurs de gauche - qui a tant fait défaut à Lionel Jospin - qui expliquera le score relativement médiocre établit cette fois par Jean-Marie Le Pen.
Quant à François Bayrou, en dépit de la bulle médiatico-sondagière qui le porte actuellement (et qu'il a su fort habilement susciter), ses résultats seront très inférieurs à ceux que lui prédisent les sondages. Le niveau actuel d'intentions de vote dont il bénéficie n'est que le reflet de la réticence d'une part des électeurs de gauche provoquée par la personnalité de Ségolène Royal. Cette réticence s'effacera au moment du vote, en grande partie pour éviter la réitération du 21 avril 2002. François Bayrou se retrouvera donc un peu au-dessus de l'étiage qui est le sien et celui de la formation politique qu'il dirige : en 2002, il a obtenu 6,84 % des suffrages ; en 2007, il est bien possible que moins de 10 % des suffrages se portent sur son nom, de 8 % à 9 % peut-être.