Comme souvent, on a tendance à confondre événements conjoncturels et mouvements de fond. La même erreur est faite aujourd'hui avec François Bayrou que celle commise avec l'extrême gauche à la suite de l'élection présidentielle de 2002.
Après l'éviction de Lionel Jospin, beaucoup ont cru que le score de l'extrême gauche relevait d'un mouvement de fond de la société française : c'est sur cette conviction que Laurent Fabius a adossé sa stratégie de "gauchisation" pour prendre le PS, en particulier en prenant position contre la Constitution européenne. En réalité, l'extrême gauche s'est trouvé à ce niveau en raison de l'erreur stratégique commise par Lionel Jospin : cherchant à accroître au maximum son réservoir de voix, il s'est trouvé exclu du second tour.
Il en est également ainsi aujourd'hui avec François Bayrou : on prend pour un mouvement de fond de l'électorat français ce qui ne relève en réalité que du manque de crédibilité de la candidature de Ségolène Royal, et d'un effet de transferts des voix sur la candidature du chef du parti centriste. Le PS se serait donné Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn comme candidat que François Bayrou n'aurait jamais décollé dans les sondages.