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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 16:28

Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) vient de rendre publique une enquête évaluant la sous-représentation des noirs dans l'offre politique qui s'offre aux électeurs pour les élections législatives. Intitulée : "Candidats noirs et législatives : les statistiques de la diversité", cette étude (disponible sur http://www.lecran.org/docs/Candidats_noirs_et_statistiques.pdf ) révèle que sur les 3 777 candidats présentés, il n'y aurait que 19 noirs, soit 0,5 % du total des candidatures.

Cette enquête s'inscrit moins dans le débat complexe du recensement des origines par les organismes de statistique dans notre pays, que dans la filiation du scandale créé par les propos d'Alain Finkielkraut au journal israélien Haaretz, dans lequel il ironisait - fort maladroitement - sur la sureprésentation des joueurs noirs dans l'équipe de France de football.

De deux choses l'une,  soit on considère qu'il est choquant de procéder à ce genre de recensement sauvage, et qu'il faut laisser la manipulation de cette question explosive aux professionnels de la statistique ; soit on juge que tout un chacun peut s'interroger, ironiser, dénoncer, le nombre de telle ou telle catégorie de la population dans telle ou telle catégorie d'emplois ou de fonctions. Cette seconde alternative emprunte un chemin pas très bien fréquenté : en son temps, Jean-Marie Le Pen s'étonnait du nombre de juifs travaillant dans les médias.

Mais on ne peut pas dans le même souffle fustiger Finkielkraut, qui recense le nombre de noirs dans l'équipe nationale de football, et dénoncer le nombre insuffisant de noirs parmi les candidats aux législatives. De même qu'il serait incohérent de critiquer l'initiative du CRAN après avoir soutenu les propos d'Alain Finkielkraut.

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4 juin 2007 1 04 /06 /juin /2007 11:54

Les emportements médiatiques sont toujours une source d'interrogation : pourquoi tel ou tel événement fait-il l'objet d'une couverture alors que d'autres demeurent dans l'ombre ?

Les combats au Darfour et la guerre coloniale menée par la Russie en Tchéchénie, par exemple, ne sont à la source de presque aucune image, alors que le moindre accrochage dans les territoires palestiniens est filmé. De même, le bombardement du camp palestinien de Nahr Al Bared, près de Tripoli, dans le nord du Liban, ne fait l'objet que de quelques commentaires convenus et de peu d'images tournées de loin. On ne peut manquer de comparer ce traitement médiatique a minima avec celui qui a lieu quant c'est Israël qui attaque des concentrations palestiniennes. L'indignation et la rage dans un cas ; l'absence de réaction dans l'autre.

Florence Aubenas, Chesnot et Malbrunot en Irak, ont fait l'objet l'objet de campagne de presse massive ; il en est de même d'Ingrid  Bétancourt qui a même eu droit à une chanson du chanteur Renaud. Dans le même temps, d'autres otages français croupissent dans l'ignorance du grand public. Pourquoi ?

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30 mai 2007 3 30 /05 /mai /2007 11:21

A force d'efforts destinés à lever l'ambiguïté constitutive des institutions actuelles de la France, le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, finit par prendre quelques accommodements avec les charges mêmes de sa fonction.

S'il a entièrement raison de dénoncer l'hypocrisie consistant à faire croire que c'est le gouvernement qui mène seul la politique du pays et que le président n'en est en rien responsable - légalement, c'est-à-dire devant l'Assemblée nationale, et politiquement à savoir devant le corps électoral -, il n'en reste pas moins qu'un certain nombre de formes doivent être respectées.

La France est dotée d'institutions, régies au premier chef par une Constitution, dont l'article 5 dispose que : "Le président de la République veille au respect de la Constitution."  Or aucun des quinze articles du titre II de la Constitution, qui concerne les pouvoirs du président, ne comprend le verbe "gouverner". Et pour cause : le titre III, qui suit, décrit l'ensemble des pouvoirs et des missions du gouvernement ; son article 20 précise même que : "Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation."

Si le président de la République veut "gouverner" - ce qui, sur le fond, se défend parfaitement - il lui faudra peut-être modifier le texte constitutionnel.

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29 mai 2007 2 29 /05 /mai /2007 15:05

Le voile, dit islamique, est un instrument de soumission de la femme, une méthode pour illustrer sa subordination aux hommes (dans le meilleur des cas) ou, plus sûrement, son avillissement.

On peut toujours ergoter sur les explications plus ou moins sociologiques du phénomène, mais deux faits manifestent incontestablement son utilisation : l'absence de fondements religieux (les exégèses vont toutes dans le même sens, et on été abondamment commentées : rien dans le Coran ne fonde l'exigence de masquage des cheveux de la femme), et les contre-exemples des femmes noires et des Juives orthodoxes.

En effet, la justification avancée à l'obligation du port du voile par les femmes musulmanes est la nécessité de masquer leur cheveux, dont l'assimilation aux poils du sexe constituerait une provocation aux yeux des hommes. Or, cette même question de la chevelure est résolue d'une façon très différente par les femmes noires et par les Juives très religieuses - pour des motifs qui leur sont évidemment propres.

De nombreuses femmes noires jugent que leur chevelure, naturellement bouclée, est moins esthétique que les cheveux lisses. Dans ce cas, elles optent pour le port de cheveux coupés très courts et surmontés d'une perruque. Chez les Juives observantes, l'impudeur liée à l'exhibation de la chevelure (le même motif en somme qui contraint les musulmanes à se voiler) les poussent à l'exigence de son occultation aux regards d'autrui. Elles ont également fait le choix du port d'une perruque.

En d'autres termes, si les femmes musulmanes ne veulent pas montrer leur cheveux, elles peuvent tout aussi bien utiliser le subterfuge utilisé par les femmes noires et les femmes juives qui ont le même souci, tout en revendiquant féminité et séduction. Si ce n'est pas fait, c'est bien que le voile poursuit d'autres objectifs que celui de dissimuler leurs cheveux : il est aussi destiné à illustrer l'abaissement de leur condition.

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25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 12:33

Que la France soit en retard en termes d'accès des femmes aux plus hauts postes politiques est une évidence. La part de femmes dans le total des députés et dans la composition des gouvernements jusqu'à maintenant est l'une des plus faibles dans les pays démocratiques développés. Il faudra attendre les résultats des élections législatives pour voir si la parité qui  caractérise le gouvernement actuel subsiste : l'exemple des "Jupettes" - cette douzaine de femmes ministres virées du gouvernement Juppé presqu'aussitôt y être entrées - incite à la prudence.

Il n'y a eu jusqu'ici que deux exemples de femmes ayant accédé à des postes de haute responsabilité : Edith Cresson et Ségolène Royal. Toutes deux sont issues du Parti socialiste et toutes deux se sont distinguées par une compétence insuffisante. C'est évidemment regrettable et dommageable pour l'image des femmes en politique, mais c'est ainsi. Il faut espérer que la nouvelle période politique qui vient de s'ouvrir verra l'arrivée au premier plan de la vie politique de femmes dont la possibilité d'accéder aux plus hautes fonctions relèvera de l'évidence... ce qui n'a pas été le cas jusqu'à aujourd'hui.

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24 mai 2007 4 24 /05 /mai /2007 16:21

La Chine a - jusqu'à maintenant tout du moins - réussi ce qu'on pensait impossible : faire croître et propérer une dictature politique. Ce pays n'en reste pas moins terriblement inquiétant.

En premier lieu parce que la Chine est une puissance impérialiste sans équivalent dans l'histoire récente. Il est surprenant que les contempteurs éternels de l'impérialisme américain ne se soient pas (pas encore ?) saisi de cette question pourtant vitale pour l'équilibre du monde. Ce pays a déjà absorbé la Mongolie intérieure à sa frontière nord ; envahi et réduit dans des conditions sauvages le Tibet à sa frontière sud-ouest ; récupéré et normalisé Hong Kong sur son littoral sud ; et se serait d'ores et déjà emparé de Taïwan si la certitude, en retour, du déclenchement d'une guerre avec les Etats-Unis ne l'en avait dissuadé. Non content, la Chine est toujours en tension permanente avec son grand voisin du nord, la Russie, et avec le Japon - au sujet, notamment, des îles Kouriles - et projette sa diplomatie efficace et conquérante jusqu'en Afrique !

Cet expansionnisme est d'autant plus inquiétant qu'il est l'oeuvre d'un pays dont la violence de la société laisse pantois. Les journaux télévisés viennent de nous projeter les images d'animaux vivants jetés en pâture aux fauves d'un zoo, pour le plus grand plaisir des spectateurs - hommes, femmes, et enfants, aux anges devant un tel spectacle.

Mais la violence de la société chinoise ne s'arrête pas là. C'est en Chine où les exécutions de prisonniers sont coordonnées avec les implantations d'organes sur des patients dont l'état réclame une greffe ; la Chine qui détient le record absolu des exécutions capitales (encore une fois, on se demande ce que font les opposants à la peine de mort, sans doute plus rassérénés d'aller enquêter aux Etats-Unis qu'en Chine) ; où les familles ne peuvent récupérer les corps des suppliciés qu'à condition d'avoir remboursé la balle qui a servi à les tuer ; la Chine encore où a eu lieu le plus grand scandale du sang contaminé par le virus du Sida et où les victimes sont traitées comme des ennemies du régime.

Cette violence confine en certaines occasions à la cruauté : la façon dont les chiens sont battus à mort avant d'être cuisinés - au motif que cela "amolli" la viande - soulève le coeur.

Le titre du livre d'Alain Peyrefitte, dont on s'est beaucoup moqué, risque malheureusement d'être prémonitoire : "Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera".

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22 mai 2007 2 22 /05 /mai /2007 18:37

« Le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin ». Cette appréciation de Voltaire, tirée de Candide, résume assez bien la place éminente dévolue au travail dans nos sociétés. Le travail a une dimension structurante dans la vie de chacun et vis-à-vis du groupe d’appartenance, groupe familial, relationnel, amical, social… Le travail est davantage qu'une source de revenu ou d'occupation, il détermine une bonne part des décisions majeures de la vie : départ du domicile familial, fondation d'un foyer, mariage, divorce, souhait d'avoir des enfants, implantation géographique du foyer… 

Le travail est une valeur, c'est en grande partie par son biais que le rôle social de chacun se structure. On peut en voir a contrario le signe dans la détresse affirmée par les chômeurs quant au manque de reconnaissance sociale dont ils souffrent. On peut déplorer que le support principal de l'insertion sociale soit l'emploi, alors que d'autres moyens pourraient tenir le même office (activités culturelles, associatives, artistiques, sportives, etc.), mais le fait est là.

L'un des aspects parmi les plus saisissants de cette nature particulière du travail est l'opinion exprimée à propos de la réduction du temps de travail. Une partie des personnes interrogées sur ce sujet déclarent qu'elles refuseraient de réduire leur activité même à salaire inchangé, tant la perspective de travailler moins peut-être considérée comme un avilissement, une dégradation : l'accusation de paresse et de fainéantise n'est jamais loin, le travail (lieu et activité confondus) est un élément majeur de sociabilisation.

C'est l'organisation du travail qui permet de valider ou de légitimer les activités que nous menons, qui autorise à y porter un jugement négatif ou positif. Elle explique que les termes de « professionnel » et « d'amateur » associés au mot travail permettent de distinguer l'activité qui est faite dans les normes de l'art de celle qui pêche par approximation. C'est aussi pour cela que les carrières artistiques sont souvent mal jugées par la société : au-delà de l’instabilité consubstantielle de ces carrières, ce qui choque profondément le profane est la difficulté à distinguer le temps du travail du temps du loisir, le labeur du ludique.

Le chômage, envers de l’emploi, a recentré le travail comme valeur. Pendant longtemps, le travail n’a été qu’une servitude réservée aux esclaves, aux gueux – le mot lui même est issu de tripalium, un instrument de torture. C’est la Révolution industrielle qui a fait – aussi – du travail un moyen d’émancipation, une condition de la citoyenneté, une valeur positive. Le rapport au travail est devenu un élément central dans le positionnement social.

La citation de Voltaire renvoie aussi à la dimension religieuse, presque théologique, du travail. Il est dit dans la Bible  : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». Le titre de l’ouvrage de Grimaldi (PUF, 1998) : « Le travail, communion et excommunication », met l’accent sur la transgression de la foi que représente le chômage. Le travailleur communie dans son activité ; pour Emmanuel Mounier : « Le travail, étant un exercice naturel, quoique pénible, doit s’accompagner, comme tout acte, d’une joie foncière. Cette joie naît d’abord de ce que le travail est fait en vue d’une œuvre, et que l’élaboration d’une œuvre est l’accomplissement de la personne. Elle naît encore de ce que le travail, par ses produits aussi bien que par son exercice, crée entre tous ceux qui s’y consacrent une communauté étroite, le sentiment de la participation non pas à une solidarité abstraite et utilitaire, mais à un service et à un compagnonnage.» A l’inverse, ne pas appartenir à la communauté du travail, équivaut à une excommunication.

Le travail est aussi une éthique, rattachée ou non au protestantisme ; l’éthique occidentale du travail demeure un moteur de sa civilisation, jamais éloigné de connotations religieuses. La franc-maçonnerie – à la frontière du laborieux et du religieux – glorifie le travail dans ses rituels et dans ses ornements. Dans sa « Parabole des abeilles et des frelons », Saint Simon postule que la France pourrait en un jour perdre tous ses oisifs sans rien perdre d’essentiel. Il exalte les vertus du labeur, du pouvoir industriel, d’une nation « travaillante », dans lesquels il croit discerner l’émergence d’un « Nouveau christianisme », prémisse du « Catéchisme » d’Auguste comte. A la même époque, les chansonniers exaltaient la noblesse du travail, Montéhus glorifiait la classe ouvrière en dénonçant ses ennemis : « Ils ont les mains blanches, les mains maquillées » – les stigmates du travail ainsi transformés en insignes de la dignité.

C’est la raison pour laquelle, si des formules alternatives pouvaient se substituer à l’apport matériel du travail, elles n’incarneraient que des solutions de second rang quant à sa valeur. Pour les uns, la notion de travail doit évoluer et les perspectives qui s'ouvrent doivent être appréhendées positivement car elles conduiront à une plus grande flexibilité dans la vie professionnelle entre travail, formation et vie personnelle, et permettront de briser l’enchaînement du chômage et de l’exclusion. Pour les autres, la crainte est grande de voir la condition des travailleurs du XXIe siècle ressembler à celle qui prévalait avant le développement du salariat, quand bien même l’évolution se ferait sous l’égide de la nouveauté et du progrès. C’est ce versant négatif qui continue d’être mis en avant par ceux qui s’interrogent sur le rôle central du travail : le travail est encore et toujours une valeur contestée.

« Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ». Cet extrait du préambule de la Constitution de la IVe République cristallise le débat sur la place du travail dans l’existence de l’homme. Ce principe constitutionnel fait du travail un devoir et un droit. Or suivant les approches politiques et/ou philosophiques du travail, il est l’un ou l’autre, mais pas les deux. Le travail comme droit implique que l’on puisse travailler quand on le souhaite ; en tant que devoir, il devient une obligation sociale. Grossièrement, cette opposition recoupe l’affrontement théorique entre tenants du travail comme bien ordinaire échangé sur un marché et partisans des explications globales du chômage. Si le travail est un devoir (difficile de ne pas voir affleurer ici la dimension religieuse du concept), il faut en occuper un, quel qu’il soit, à quelque rémunération que ce soit ; si c’est un droit, on est alors fondé à exprimer des souhaits, des préférences. La question adjacente est celle qui distingue le droit au travail du droit au revenu. Le principe constitutionnel fait-t-il référence au droit d’obtenir un emploi, facteur de lien social, ou au revenu qui lui est afférent ? Dans la seconde hypothèse, le non-travail indemnisé satisferait au principe énoncé.

Paradoxalement, c’est la massification du chômage depuis deux décennies qui a replacé le travail au centre des existences et des préoccupations, alors que les « Trente glorieuses » du plein emploi avaient entraîné sa remise en question comme valeur. Le débat sur la centralité du travail dans la vie des personnes n’est, pourtant, pas récent. Paul Lafargue (1994), gendre de Karl Marx, a publié en 1883 un pamphlet intitulé : « Le droit à la paresse », avec comme sous-titre : « Réfutation du droit au travail de 1848 ». Lafargue s’y insurge contre la prééminence du travail dans la vie : « Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces de l’individu et de sa progéniture. »

Les exemples sont nombreux dans la littérature, le théâtre, la chanson, de critiques à l’égard du travail : dans La Charrette fantôme, Louis Jouvet s’exclame que : « Le travail, ça fatigue, ça salit et ça déshonore. » ; Henri Salvador chantonne que : « Le travail, c’est la santé, rien faire c’est la conserver ; les prisonniers du boulot ne feront pas de vieux os.»

Pour Lafargue, la solution est de travailler le moins possible : « Le travail ne deviendra un condiment des plaisirs de la paresse, un exercice bienfaisant à l’organisme humain, une passion utile à l’organisme social que lorsqu’il sera sagement réglementé et limité à un maximum de trois heures par jour. » 

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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 16:26

C'est sans doute là le plus grand changement politique que la France ait connu depuis longtemps, mais étonnamment assez peu commenté. La nomination de Bernard Kouchner comme ministre des Affaires étrangères signe l'arrêt de mort de la politique dite arabe de la France.

Depuis la saute d'humeur du général de Gaulle après qu'Israël eut déclenché la guerre des six jours en 1967, la France s'est résolument dotée d'une politique tournée vers le monde arabe, dont les historiens devront bien un jour évaluer si elle a été aussi profitable à notre pays que la politique dite africaine. Quoiqu'il en soit, tous les ministres des Affaires étrangères se sont depuis lors coulés dans le moule gaullien, avec plus ou moins de subtilité à la marge suivant les talents individuels.

La question n'est pas tant que le nouveau ministre soit de confession juive - encore que certains dirigeants arabes s'étoufferont certainement à l'idée de le recevoir en raison de ce fait - c'est surtout que son positionnement est à l'image de celui du nouveau président de la République : davantage atlantiste et considérablement moins pro-arabe que celui de ses prédécesseurs.

Deux questions se posent néanmoins : le nouveau ministre des Affaires étrangères parviendra-t-il  à mener son administration - traditionnellement pro-arabe et marginalement antisémite - sur le nouveau chemin que semble emprunter la France au niveau international ? Comment comprendre que Nicolas Sarkozy ait proposé ce ministère à Hubert Védrine avant que de l'offrir à Kouchner ?

S'agissant de l'administration du Quai d'Orsay, il faut noter qu'un groupe de diplomates a publié - sous pseudonyme - une tribune libre dans l'édition du 27 avril 2007 du journal Le Monde, sous le titre : "Agir d'urgence au Moyen-Orient". Ce texte était censé synthétiser un rapport modestement destiné à éclairer le futur président de la République. Voilà donc un groupe de diplomates d'un pays, la France, qui aspire à l'universalité, à l'exemplarité universelle, qui - dans un contexte international caractérisé par la résurgence de l'impérialisme russe, les menaces nucléaires iranienne et nord-coréenne, la déstabilisation du Pakistan - ne voit comme autre urgence pour le président de la République  nouvellement élu que de relancer sa politique arabe. Accessoirement il est précisé dans leur texte que : "L'obstacle majeur à toute avancée vers la stabilisation [du Moyen-Orient] reste le conflit israélo-palestinien." Comme si le conflit entre l'Iran et l'Irak, le nettoyage ethnique à l'oeuvre dans ce dernier pays, la permanence islamiste en Egypte et en Algérie, par exemple, avaient quelque chose à voir avec Israël... Bernard Kouchner va avoir besoin de courage... à moins que ce soit le cas des diplomates du Quai d'Orsay.

Ce bouleversement est d'autant plus surprenant que Nicolas Sarkozy avait préalablement proposé le poste de ministre des Affaires étrangères à Hubert Védrine, tenant précieux de l'orthodoxie du Quai d'Orsay, caractérisé certes par un anti-américanisme courtois et un anti-sionisme nonchalant. Que cela veut-il dire ? Que peut bien signifier le fait de proposer le même poste à deux personnalités si antinomiques sur le plan politique ? Soit que le nouveau président n'en a strictement rien à faire de la politique internationale de la France et qu'il est prêt à la laisser voguer au gré des humeurs de son ministre des Affaires étrangères... C'est peu probable. Ou bien, à l'inverse, qu'il entend garder un contrôle si étroit sur cette matière, en faire un domaine non plus réservé mais exclusif de son autorité, qu'il peut se permettre de le confier à un homme politique de gauche, éloigné (Védrine) ou proche (Kouchner) de ses positions. Ce n'est pas de bonne augure pour Bernard Kouchner.

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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 09:47

Dans ces temps troublés, où chacun perd ses repères sous l'effet de la complexité croissante des problèmes, des enjeux, des solutions à apporter, il est réconfortant de constater à quel point l'action d'un seul homme peut modifier le cours de l'histoire. Nicolas Hulot est de ceux-là.

Le premier gouvernement nommé par Nicolas Sarkozy comprend un poste de ministre d'Etat chargé de l'écologie et du développement durable, dirigé de surcroît par un politique expérimenté, Alain Juppé. Tout naturellement, les médias se sont tournés vers Nicolas Hulot pour connaître son sentiment. Et ce dernier, en toute modestie, a bien volontiers reconnu que sans son action - paisible mais persévérante - une telle évolution n'aurait pas eu lieu.  Dit autrement, la menace de sa candidature a porté ses fruits ; en l'absence, la préoccupation environnementale n'aurait toujours pas droit de cité au plus haut niveau de l'Etat.

Il est juste que la contribution éminente de Nicolas Hulot dans la prise de conscience écologique soit ainsi sanctifiée : il est bien évident que le sommet de la terre - organisé par Alain Juppé à Paris -, les réunions et les rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), le film crépusculaire d'Al Gore, les mesures de la température moyenne annuelle à la hausse, le rapport Stern sur le coût du réchauffement climatique... rien de tout cela n'aurait pu influencer le nouveau pouvoir en France. Il n'y avait que l'intervention de Nicolas Hulot pour changer le cours de l'histoire.

Il ne faut pas que cet homme d'influence s'arrête en si bon chemin : prions qu'il se lance sur le chemin planétaire pour faire basculer, les uns après les autres, les gouvernements du monde sur le chemin de la sagesse ; et, quand il aura accompli ce Grand oeuvre, il pourra alors s'attaquer à la misère, la maladie, la mort, la faim, la tristesse... tous les grands enjeux du destin humain, en somme, qui n'attendaient qu'un homme providentiel pour être résolus.

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17 mai 2007 4 17 /05 /mai /2007 18:56

A l'heure où une nouvelle équipe gouvernementale va s'installer en France et où le nouveau président de la République imprime son volontarisme en Europe, il n'est pas inutile de s'interroger quant aux orientations à donner à la construction européenne en matière de défense.

A la tête des affaires du monde, l'Europe l'a entraîné par deux fois dans une guerre mondiale. Aujourd'hui notre continent est un havre de paix - en grande partie grâce au processus politique d'unification mais aussi, et surtout, grâce au bouclier militaire américain, n'en déplaise aux contempteurs compulsifs de ce pays. C'est parce que les Etats-Unis ont fait savoir à l'ex-URSS que l'OTAN (c'est-à-dire eux) interviendrait au premier franchissement de frontière d'un de ses membres que l'Europe s'est reconstruite et est demeurée libre de son destin. Du jour où la France a voulu sortir du commandement intégré de l'OTAN, les Etats-Unis ont retiré leurs troupes et fermé leurs bases présentes sur le territoire national.

Aujourd'hui, alors que la Russie manifeste des vélléités hégémoniques chaque jour un peu plus affirmées, un courant d'opinion voudrait que la construction politique et économique de l'Europe ait comme corollaire une défense commune. Or les positions des membre de l'Union, leurs liens différenciés, leur passé, leur culture, de même que le traumatisme des guerres passées, inclinent à penser que l'Europe n'est pas à même de s'affirmer dans ce domaine. Oh, certes, sur la forme, une défense commune pourrait être mise sur pied : armes, soldats, systèmes, pourraient - sous réserve d'un effort budgétaire considérable - atteindre le seuil d'efficacité. La question demeure de la volonté politique : disposer d'une force de défense, c'est être aussi en mesure de l'engager, d'en avoir la volonté et la possibilité politiques.

Pour l'heure, l'Europe s'est surtout manifestée par des positions timorées au niveau international. Pour reprendre les propos de Robert Kagan (La puissance et la faiblesse. Les Etats-Unis et l'Europe dans le nouvel ordre mondial, Plon, 2003), l'Europe a "théorisé sa faiblesse", excipant d'une approche subtile et mesurée pour justifier son incapacité à agir. Le pire, toujours selon Kagan, serait que l'Europe fasse semblant d'avoir une défense et que les Etats-Unis fasse semblant d'y croire. La dangerosité des relations internationales va s'accroître ; ce n'est pas l'heure de fonder une armée d'opérette mais bien de resserrer les rangs avec nos alliés traditionnels afin de défendre nos valeurs communes. 

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