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Articles RÉCents

23 mars 2007 5 23 /03 /mars /2007 11:05

Le débat entre services d'intérêt général assurés par le service public ou pris en charge par le secteur privé - débat légitime et nécessaire - est fondé sur des arguments très souvent erronés. Pour les uns, une prestation assurée par des entreprises privées seraient moins chère et de meilleure qualité ; pour les autres, seul le service public est à même de fournir une prestation de qualité... quel que soit le prix.

A l'observation, on se rend compte que chacun d'entre nous - en France en tout cas - a un niveau de patience et d'exigence radicalement différent suivant que c'est le public ou le privé qui fournit la prestation. Administrations et services publics sont astreints à une quasi perfection alors que le secteur privé a bien plus de marges de manoeuvre, tant dans la qualité de ses prestations que dans le délai de leur accomplissement.

Tout en réalité est une question de coût. Les prestations rendues par le public sont - à de très rares exceptions - de meilleure qualité que celles dispensées par le secteur privé. Le corollaire est que le service rendu par le public coûte plus cher que quand il l'est par le privé. Téléphonie et télématique, par exemple : la mise en concurrence de l'opérateur historique - France Telecom - a conduit à une baisse significative du coût des communications ; l'existence de plusieurs fournisseurs d'accès internet permet d'obtenir des tarifs très compétitifs. En revanche, la qualité du service relève des règles du marché : quand tout va bien le service est de qualité correcte ; au premier problème, le consommateur connaît l'enfer...

Très bizarrement, nous avons collectivement tendance à supporter davantage du privé que du public, alors que nous sommes bien plus concernés, au fond, dans nos rapports avec une entreprise qu'avec un service public - en particulier s'agissant de nos deniers. Le consommateur lambda ne supportera pas de patienter quelques minutes dans un bureau de poste, maugréant contre la paresse légendaire des agents publics, et  - revenu chez lui - se fera tout miel pour obtenir qu'un artisan vienne reprendre le travail mal accompli lors de son précédent passage. Dans le premier cas, pourtant, le financement est mutualisé, social ; dans le second, il est personnel.

L'explication vient au fond de l'attachement des Français à leurs services publics, la proximité qu'ils ressentent à leur égard : on est souvent moins tolérants à l'égard de ceux qui nous sont proches. Cela ne veut pas dire pour autant que les services publics soient à l'abri de toute réflexion quant à leur efficacité. C'est juste qu'il faut avoir à l'esprit qu'il existe un "seuil" de service public en deçà duquel les économies conduisent à une dégradation de la prestation. On en a toujours pour son argent : un service de qualité coûtera partout et tout le temps plus cher qu'un service médiocre.

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22 mars 2007 4 22 /03 /mars /2007 11:49

Au théâtre des enfants terribles - 157, rue de Pelleport  dans le 20ème arrondissement à Paris - se joue actuellement une pièce de théâtre (Que peut un corps ?, jouée par la compagnie "Les Inspirines") qu'on peut, sans froisser auteurs et comédiens, qualifier d'avant-gardiste : une "Farce poétique et géométrique d'après Spinoza", pour reprendre le sous-titre de l'affiche.

Le metteur en scène a comme parti pris artistique d'utiliser exclusivement des textes réputés n'avoir pas de sens pour le spectateur, tout le travail des comédiens se fondant sur le décalage entre leur jeu et le texte. Cette fois, le choix s'est donc porté sur Spinoza, sur une adaptation de son Éthique plus précisément.

L'Ethique est un texte métaphysique, publié au milieu du XVIIème siècle, censé perdre le spectateur entre un texte abscon et une mise en scène sans rapport aucun avec le fond de l'écrit. Mais rien n'y fait : en dépit du talent des comédiens (tous amateurs, certains remarquables), de la mise en scène reprenant tous les standards du contemporain, la puissance de la pensée de Spinoza persiste et on se prend à délaisser la pièce pour s'intéresser au texte aride, pour suivre le cheminement de l'argument, presque dérangé par le décor et les voix, comme le lecteur passionné perçoit au loin les annonces et le brouhaha d'une gare.

Il est des auteurs - beaucoup d'auteurs... - dont a du mal à suivre le cheminement intellectuel, pourtant enfoui confortablement dans un fauteuil au calme ; il en est d'autres dont la pensée résiste aux siècles, au bruit, à la distorsion.

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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 17:16

La véritable originalité dans cette élection présidentielle réside dans la volonté partagée des candidats ayant quelque chance d'être élus de réformer en profondeur l'équilibre des institutions françaises en remettant en cause l'équilibre des pouvoirs entre l'exécutif sur le législatif - ou plus précisément le déséquilibre, puisque la prééminence accordée à l'éxécutif par la Constitution de la Vème République a conduit à une situation institutionnelle inusitée dans les démocraties : un président irresponsable politiquement (seul le gouvernement qu'il a nommé peut être renversé) aux pouvoirs pourtant sans équivalent.

Cette prééminence est, certes, excessive mais elle s'explique par l'histoire politique de la France, marquée par une instabilité chronique qui se reconnaît dont le nombre de textes constitutionnels (constitution, charte, acte additionnel, déclaration...) et de régimes essayés par notre pays : monarchie, république, empire... la France a appliqué tous les régimes politiques ou presque.

Oter au président de la République le droit de dissoudre l'Assemblée nationale ou, symétriquement, accorder à cette dernière le droit de le renverser, aboutirait inéluctablement à une profonde confusion institutionnelle. Il n'est que de voir le nombre élevé de candidats à chaque élection présidentielle, l'ouverture extraordinairement marquée du spectre politique en France pour saisir que les ressorts de la IVème république sont toujours à l'oeuvre.

Cela ne veut pas dire pour autant que que les rapports entre pouvoirs sont figés et qu'ils serait impossible de réformer le fonctionnement de nos institutions sans les mettre à bas. Rien, dès à présent, n'interdit au Parlement français, tout particulièrement l'Assemblée nationale, d'utiliser pleinement les pouvoirs qui lui sont dévolus : pouvoir budgétaire et pouvoir de contrôle. De même, une plus grande maîtrise de l'Assemblée sur son ordre du jour la renforcerait. Chaque pays a sa culture, son comportement propre, les régimes politiques en sont l'expression. Il est illusoire d'imaginer qu'un présidentialisme (législatif et exécutif autonomes, dépourvus de pouvoir de dissolution ou de renversement), pétri du sens de la négociation et du compromis anglo-saxon, pourrait prendre racine en France où les moeurs politiques sont caractérisés par l'excès et le bouillonnement.

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20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 10:27

Si la victoire de François Bayrou à l'élection présidentielle est dans l'ordre du possible, en raison du mode de scrutin uninominal à deux tours (qu'il critique pourtant par ailleurs), la vraisemblance d'une majorité parlementaire issue des élections législatives qui vont suivre l'élection présidentielle est, quant à elle, quasiment nulle.

Ce n'est pas là une question de compétence, de souhait, ou de cohérence, mais simplement un problème d'arithmétique. L'Assemblée nationale se compose actuellement de 577 députés : 365 membres ou apparentés UMP ; 141 membres ou apparentés PS ; 29 UDF ; le solde se composant de Communistes et Républicains (21) et de non inscrits (21).

La majorité se situant à 239 députés, si François Bayrou était élu il devrait dans la foulée débaucher 200 députés des autres groupes parlementaires (le député sortant ayant un avantage dans la compétition électorale) ou bien tenter de faire élire ces 200 députés contre les députés sortant. Ce n'est pas une possibilité mais une chimère...

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13 mars 2007 2 13 /03 /mars /2007 19:29

Le syndicat CFDT, généralement mieux inspiré, vient de déplorer l'installation de caisses automatiques dans les hypermarchés Auchan. L'argument invoqué porte sur les pertes d'emploi que provoquerait la généralisation d'une telle mesure.

Pourtant, le progrès technique conduirait ici à la disparition d'un des métiers les pires qui soient : désintérêt, maladies articulaires, stress, agressivité des clients, importance du temps passé sur le lieu de travail... rien ou presque ne vient égayer ou embellir cette activité professionnelle. Les caissières d'hypermarché sont certainement les véritables prolétaires de notre époque, les seules - ou les dernières - à subir encore une véritable exploitation. Pourquoi dès lors se récrier à la disparition programmée de ce travail ?

L'argument du chômage porte assez peu, le travail de caissière étant un emploi non qualifié : s'il n'est pas sûr que les personnes qui l'occupent puissent aisément retrouver un travail, il est en revanche certain que celles qui pourraient l'occuper auraient toute possibilité d'en occuper un autre, certainement moins dégradant que celui-là.

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12 mars 2007 1 12 /03 /mars /2007 21:40

Une nouvelle fois, une affaire d'euthanasie jugée devant les tribunaux vient nous rappeler l'échéance glacante de la fin de la vie et de sa prise en charge sociale.

Encore une fois, des gens pétris jusqu'à l'écoeurement d'intentions pures et louables (de celles qui président généralement aux plus grandes horreurs) ont abrégé l'existence d'une personne au motif que cette dernière l'aurait (ça reste à prouver) demandé. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin pourrait-on se dire... Quelqu'un a envie de se suicider mais répugne au passage à l'acte ? Qu'à cela ne tienne, il n'y a qu'à l'aider...

Plus sérieusement, la question de l'euthanasie soulève deux questions majeures, l'une organisationnelle si l'on ose dire, l'autre éthique. Les réflexions sur l'abrègement de la fin de la vie ne pourront être audibles que le jour où la prise en charge de la douleur sera généralisée dans les établissements de santé, dotés alors d'équipes mobiles de soins palliatifs. C'est souvent une douleur insupportable qui conduit les patients à demander que l'on mette fin à leurs souffrances. Convenablement traités contre la douleur, ils retrouvent goût à l'existence.

La question éthique est celle de la légitimité : abréger l'existence d'un être vivant, mais au nom de quel droit ? Derrière l'argument de la souffrance du patient c'est fréquemment la lassitude des familles qui se profile... dans le meilleur des cas. Lassitudes des proches et des familles : le plus terrible dans la maladie est qu'à durer elle finit par susciter irritation, envie d'en finir et culpabilité chez les êtres aimés de celui ou celle qui souffre. Tout ceci dans le meilleur des cas, si l'on peut dire. Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : l'euthanasie légalisée serait la porte ouverte à toutes les dérives successorales. Il suffit de lire ou de relire Le Horla de Maupassant, la description sinistre et criante de vérité des héritiers se grimant et poussant des cris dans la chambre d'une vieille agonisante pour la faire passer de vie à trépas dans l'impatience de posséder son maigre magot.

Cela veut-il dire pour autant qu'il n'est pas des situations où l'abrègement de l'existence peut être justifié ? Les seules réponses à cette terrible question ne peuvent être que collectives, associant patients, familles et soignants - la décision devant revenir à ces derniers, tout aussi collectivement. Toute décision individuelle en la matière devrait continuer à relever des Assises.

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9 mars 2007 5 09 /03 /mars /2007 18:14

La polémique actuelle quant aux chiffres du chômage, puissamment stimulée par la renonciation de l'INSEE à publier ses propres chiffres, est loin d'être récente ; le plus étonnant, même, est qu'elle ne traverse pas de façon permanente le débat public. Rappelons que durant les années 1980, dans certaines agences locales de l'emploi française, on estimait le nombre de chômeurs en mesurant les fiches cartonnées avec un double décimètre. Depuis lors, des progrès techniques ont été accomplis, mais de problèmes conceptuel demeurent.

L'INSEE et l'ANPE mesurent un chômage qui n'est pas totalement identique, d'où le décalage persistant entre leurs deux chiffres. L'INSEE utilise la notion de chômage définie par le bureau international du travail (être sans travail ; être disponible pour travailler ; rechercher un travail de manière effective) ; pour l'ANPE, la définition du chômage est : être sans emploi, disponible immédiatement, et à la recherche d'un emploi à temps plein. Le problème est que cette définition est celle de la catégorie 1 des demandeurs d'emplois qu'elle comptabilise, alors qu'elle répartit les chômeurs inscrits sur ses listes en 8 catégories au total.

Sans entrer dans le détail (on reverra à un article très bien fait : "L'indicateur du chômage", publié dans Les Cahiers Français, n° 286, mai-juin 1998), notons simplement qu'un chômeur qui cherche un travail à temps partiel (catégorie 2 de l'ANPE) n'est pas comptabilisé comme chômeurs... et ne l'a jamais été. Il en est également ainsi d'un demandeur d'emploi cherchant un travail à durée déterminée (catégorie 3).

Le décalage - important à l'époque - entre les deux méthodes de comptabilisation a conduit à l'écriture de deux rapports : le premier, écrit (excusez du peu !) par Edmond Malinvaud sous le titre " Sur les statistiques de l'emploi et du chômage (juillet 1986) ; le second, rédigé par Paul Dubois (INSEE) et Michel Lucas (IGAS), intitulé "Rapport sur les statistiques mensuelles du chômage" et publié en mars 1991. Des efforts ont été entrepris à la suite de ces réflexions pour harmoniser les chiffres des deux institutions, mais l'écart est consubstantiel des divergences entre les concepts.

Plus préoccupant, l'une et l'autre des définitions officielles laissent de coté un volume important de personnes. Cet état de fait a suscité la mise au point d'indicateurs alternatifs du chômage. Dans le milieu des années 1970, la CGT dénoncait déjà la sous-estimation des chiffres du chômage opérée, selon elle, par le gouvernement à des fins politiques. Sa méthode de calcul la conduisit, en 1975, à dénombrer 1,1 millions de chômeurs quand l'ANPE n'en comptait que 700 000.

En 1984, l'ARIES (Association de recherches internationales économiques et sociales), dirigée par Lionel Stoléru, expliquait l'écart existant entre les chiffres de l'INSEE et ceux de l'ANPE par deux causes essentielles : le traitement social du chômage et le traitement politiques des statistiques.

En 1997, CERC-Association, proposait le concept élargi de personnes "privées d'emploi". En ajoutant aux chiffres de l'ANPE les personnes dispensées d'une recherche d'emploi, les chômeurs en formation ou en reconversion, et les préretraités, elle arrivait à un total de 5 millions de personnes "privées d'emploi".

La même année, le Commissariat général du Plan (présidé alors par Henri Guaino), estimait le nombre de personnes "touchées"par le chômage à 7 millions, en ajoutant aux chiffres de l'INSEE : les personnes travaillant à temps partiel subi, celle qui subissent une précarité du travail (emplois aidés, travail temporaire involontaire), les préretraités, les demandeurs d'emploi en formation, ceux qui ne sont pas en mesure de chercher un emploi (problèmes de santé, service national, chômeurs découragés).

Ces indicateurs alternatifs ne sont pas eux-mêmes à l'abri de critiques, mais ils pointent l'inadaptation des outils statistiques à décrire le problème du chômage et du non-emploi. En réalité, le véritable problème est que le chiffre du chômage se voit assigner deux objectifs : indiquer le nombre de chômeur, et décrire l'état du marché du travail. On a pu un temps déduire l'état du marché du travail du nombre de chômeurs mais ce n'est plus le cas. Les indicateurs officiels comme les indicateurs alternatifs omettent un certain nombre d'informations relatives à l'influence du chômage sur le marché du travail, qui ne se résume à la probabilité d'y entrer ou de s'y maintenir. On peut citer comme carence : l'état des relations professionnelles ; les détournements de statut (la "fausse sous-traitance"), l'utilisation excessive des emplois aidés (en particulier leur effet d'éviction sur les emplois "normaux") ; le niveau des salaires...

L'indicateur du chômage est par nature restrictif, ce n'est pas un indicateur à tout faire. Cette question est développée dans un autre article : "Indicateurs du chômage ou indicateurs du marché du travail ?", publié en 2000 dans l'ouvrage collectif Encyclopédie Protection sociale. Quelle refondation ?, publié en 2000 chez Economica sous la direction de François Charpentier.

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7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 11:30

L'équipe de football de Lyon vient de se faire éliminer de la ligue des champions au niveau des 1/8èmes de finale. Les trois années précédentes, son élimination s'était produite un tour plus tard. La conclusion, qui apparaît quand on regarde cette équipe jouer, est que la présence de l'OL dans la compétition s'arrête quand son maximum de niveau de jeu est atteint.

L'Olympique lyonnais est une équipe superbe, avec un fond de jeu impressionnant, mais elle ne dispose pas d'avant-centre performant. On dirait que le syndrôme "Aimée Jacquet" est encore à l'oeuvre, un système de jeu fondé sur la conservation du ballon et le soin de marquer des buts laissé à l'appréciation de tout un chacun dans l'équipe. Or le sélectionneur de l'équipe de France victorieuse de la coupe du monde 1998 l'a dit et répété : s'il avait eu des attaquants meilleurs que ceux dont il disposait à l'époque (il ne l'a pas dit comme ça mais c'est de cela qu'il s'agit), il aurait mis en place un système de jeu différent.

L'exemple de Monaco est là pour le prouver, un attaquant de classe mondiale change tout dans une équipe de football. Il y a deux ans, Monaco est arrivé en finale de la ligue des champions (perdue contre le FC Porto) avec une équipe moyenne mais un avant-centre exceptionnel : Fernando Morientes, prêté par le Real de Madrid submergé alors par ses stars du football, les "galactiques".

Voilà ce qui manque à l'Olympique lyonnais : un buteur de classe internationale. Le football professionnel n'est pas du scoutisme, l'OL a privilégié la cohérence et la stabilité de son groupe de joueurs mais au détriment de ses performances au plus haut niveau. Il va devoir prendre le risque de déstabiliser son groupe pour y faire venir un ou plusieurs joueurs capables de faire basculer un match de très haut niveau en quelques secondes. L'argument de la permanence du jeu ne tient pas. C'est à cette aune que David Trézeguet n'est jamais titulaire en équipe de France et c'est une façon étrange de concevoir le football, comparativement en tout cas à la façon dont il est pratiqué dans les plus grandes nations européennes de ce sport. Shevchenko, Pipo Inzagi, Trézeguet, Didier Drogba, sont des joueurs qui font peu de choses dans un match, sauf marquer des buts... l'essentiel en football quoi !

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6 mars 2007 2 06 /03 /mars /2007 18:59

La BBC, apprend-on, vient de publier un sondage - réalisé auprès de 28 000 personnes dans 27 pays - selon lequel Israël est le pays qui recueille le plus d'opinions négatives. Israël est donc le pays le moins apprécié au monde, devant l'Iran, les Etats-Unis et la Corée du Nord.

Comment expliquer rationnellement cet état de fait ? Ce pays affame-t-il sa population ? Menace-t-il de rayer de la carte un autre pays ? Mène-t-il des opérations de guerre dans d'autres pays ? Si l'on fait tourner une map-monde sur son axe, on regarde stupéfait défiler des pays où se déroulent des ignominies à grandes échelle : l'Afrique du Sud qui a si longtemps négligé la lutte contre le SIDA  ; le Soudan, dont la province du Darfour est le lieu d'un génocide ; la Chine, puissance impérialiste, fossoyeuse du Tibet, absorbeuse de la Mongolie, menacant Taïwan, programmant les exécutions de condamnés avec les besoins d'organes à transplanter, inoculant le SIDA à sa propre population ; la Russie qui continue de dévaster la Tchéchénie, pierre après pierre, vie après vie.

Pourquoi dès lors cette focalisation sur ce pays en particulier ? Pourquoi est-ce sur ce théâtre-là qu'on compte le plus de journalistes, d'équipes de télévision ? Serait-ce en Israël que l'injustice la plus éhontée se déroulerait ? Là où la souffrance humaine serait la plus vive, si tant est que la souffrance puisse s'étalonner... Pas à l'aune du nombre de victimes (décédées ou blessées) en tout cas.

La réponse est très simple : Israël étant l'état des Juifs, c'est devenu le Juif des Etats, pour reprendre une expression consacrée. De même que les Juifs étaient rendus coupables de tout - disettes, incendies, épidémies - ce pays est désormais considéré comme le principal fauteur de troubles : au Proche et au Moyen-Orient, et même au-delà... Il y a quelques années, un sondage identique à celui de la BBC, conduit en Europe cette fois, avait montré que sur ce continent, Israël était considéré comme la plus grande menace pour la paix du monde (comme si le monde était en paix...). Il en est même certains pour, sans rire, affirmer qu'Israël est la principale source de tensions au Moyen-Orient, comme si Chiites et Sunnites avaient attendus la création de ce pays pour s'affronter ! Qu'Israël soit à ce point honni n'est que la énième manifestation de cette haine intemporelle, vivace, folle, qui affecte une part de l'humanité : le monde n'aime pas les Juifs, le monde n'aime donc pas leur Etat.

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5 mars 2007 1 05 /03 /mars /2007 11:48

On dit que la peur du vide peut à ce point être insupportable que certaines de ses victimes préfèrent sauter dans l'abîme plutôt que de supporter la peur d'y tomber.

L'évolution de la presse payante semble être marquée par ce tropisme de la chute. Plus cela va, plus la différence entre la presse payante et la presse gratuite semble se résumer au prix du journal que l'on achète. Le Monde a modifié son concept éditorial dans le sens d'articles plus courts, d'un champ plus limité, d'une dimension internationale moins marquée. Libération, empêtré dans son énième plan de redressement, propose à ses lecteurs un panorama d'informations dont la brièveté s'apparente à celle de la presse gratuite. Or il faut aujourd'hui débourser entre 1,20 € et 1,30 € pour pouvoir lire un titre de la presse nationale - soit entre 7,90 et 8,50 francs. Par surcroît, la publicité y est désormais devenue envahissante : c'est par pleines pages, souvent par doubles pages, que les marques communiquent avec des lecteurs qui ont déjà payé leur journal.

Comment s'étonner dans ces conditions que la presse française connaisse des difficultés si importantes, fondées en particulier sur l'étroitesse de son lectorat et la précarité de son modèle économique ? Et si, au fond, c'était simplement la qualité et la quantité qui manquaient à la presse française ? Le volume de nos journaux est d'une maigreur insigne comparé à celui de tous les autres grands journaux des pays développés. Quant au fond, si l'on prend l'exemple de Libération, force est de constater que ses difficultés ont été de pair avec la baisse de sa qualité. Il y a dix ou quinze ans, Libé se comparait aisément avec Le Monde ; aujourd'hui, il faut faire un effort d'empathie pour lui trouver une différence notable avec les gratuits.

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