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Articles RÉCents

30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 10:55

Ségolène Royal n'a quasiment aucune chance de remporter l'élection présidentielle, c'est ce que révèlent les résultats du premier tour et les intentions de report de voix pour le second tour.

Mis à part les suffrages qui se sont portés sur Frédéric Nihous (Chasse, pêche, nature et tradition), parce qu'il est bien difficile de les classer à gauche ou à droite, et ceux remportés par François Bayrou, le total des voix obtenues au premier tour par la gauche (Besancenot, Schivardi, Bové, Voynet, Royal, Laguiller) se monte à 13,37 millions, contre 16,10 millions de voix pour les candidats de droite (De Villiers, Le Pen, Sarkozy). Le "réservoir" électoral de Ségolène Royal est donc inférieur de 2,7 millions de voix à celui de Nicolas Sarkozy.

François Bayrou a obtenu 6,82 millions de voix au premier tour. Pour atteindre le réservoir de voix de Sarkozy, celui de Royal devrait se compléter de 40 % des voix obtenues par Bayrou au premier tour. Or les matrices de transfert, qui mesurent les intentions de report de voix du premier au deuxième tour, montrent que les intentions de vote au deuxième tour pour Ségolène Royal d'électeurs ayant voté pour François Bayrou au premier tour s'établissent environ à un tiers, le second tiers se portant sur Nicolas Sarkozy et le dernier tiers basculant dans l'abstention.

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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 12:09

Après un premier tour en fanfare, démocratique et hautement participatif, le lendemain de fête ressemble nauséeusement à un lendemain de cuite. Le fait majoritaire qui contraint les institutions de Vème République ne semble toujours pas être accepté par une partie d'entre nous.

L'attitude de François Bayrou, la volonté affichée et assumée de participer au second tour, laisse flotter un atmosphère empuantie dans la campagne de l'entre deux tours. Encore accentuée par les insinuations quant aux pressions qui seraient exercées sur la presse, la soi-disante menace sur les libertés publiques.  Et tout cela après avoir reproché à Nicolas Sarkozy d'être le candidat de la peur qui joue sur le sentiment d'insécurité des Français.

Nos institutions sont ainsi, les deux candidats les mieux placés à l'issue du premier tour confrontent leur personnalité et leur projet afin d'obtenir l'approbation finale du corps électoral. Esquiver le fait majoritaire, c'est mépriser le vote des électeurs - quels qu'ils soient.

Pourquoi faudrait-il qu'un accord de désistement de François Bayrou au profit de Ségolène Royal soit télévisé ? Comme si faire de la politique était un activité sale, répréhensible... Un accord, négocié entre appareils et candidats puis divulgué aux Français, aurait tout aussi bien suffit. Mais là, ce que Royal et Bayrou disent subliminalement aux Français, c'est qu'eux sont purs, vierges, pas salis par les manoeuvres politiques qui affecteraient et caractériseraient Sarkozy. A la compromission, aux magouilles de réseau et de pouvoir de ce dernier, ils proposent une modalité virginale et pure d'exercer le pouvoir - confirmant, s'il en était besoin, les postures, les mots et les couleurs adoptés par Ségolène Royal depuis le début de sa campagne, tout droit issus du décorum fasciste.

Pureté, propreté, virginité, sont incompatibles avec le fonctionnement démocratique qui est fait - et c'est heureux - de compromis et d'accommodements. Ces concepts glacants de salubrité et d'hygiénisme politiques forment, bien au contraire, le socle idéologique de toutes les dictatures et de tous les totalitarismes : faut-il que l'exemple de la Pologne et de sa loi de "lustration" vienne nous le rappeler ?

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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 11:42

Une expérience de vote "approbatif" (ou par notation) a été menée par des chercheurs dans plusieurs bureaux de vote, consistant à noter l'ensemble des candidats au premier tour. L'idée de se pencher sur les ressorts du comportement politique, des choix électifs, est passionnante. Le problème, en l'occurrence, est que les auteurs de l'étude en question considèrent que la méthode expérimentée aurait vocation à devenir un mode de scrutin. L'argument - combien de fois assené depuis plusieurs décennies... - est que les électeurs ne peuvent pas exprimer la finesse de leur positionnement en raison du mode de scrutin actuel qui les contraint à une seule possibilité de choix.

C'est précisément l'objectif de ce mode de scrutin : dans un pays comme le nôtre, marqué par les errements institutionnels, le nombre record de constitutions, de régimes, le fait majoritaire introduit par les institutions de la Vème République est une réponse qui a apporté la stabilité des institutions politiques, sans empêcher les alternances.

De plus, c'est professer un mépris certain pour les électeurs que de croire qu'ils sont incapables de faire la part des choses entre les qualités et les défauts du candidat auquel ils apportent leur voix. Imaginer un système où un algorithme déciderait de l'élection à la place de l'électeur revient à lui ôter le choix final.

En poussant cette logique jusqu'à l'absurde, pourquoi ne pas envisager d'autres systèmes d'élection ? Notons, par exemple, l'ensemble des candidats à la fin de chaque intervention télévisée : celui qui obtient le total le plus élevé à la fin de la campagne électorale est élu. Ou bien décidons que celui qui a le plus de pages consultées sur internet est désigné président de la République. Ou bien encore, établissons la moyenne des scores obtenus au premier et au second tour pour désigner le vainqueur final... Les propositions saugrenues ne manquent pas !

 Le vote uninominal à deux tours nous contraint justement à faire un choix, c'est-à-dire à reconnaître qu'il n'y a pas de candidat idéal mais que - qualités et défauts mis en regard - c'est plutôt pour celui-là, ou celle-là, que nous voterons. C'est accéder à la maturité politique et laisser derrière nous la vision infantile et idéalisée d'un système parfait qui désignerait le candidat parfait. 

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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 09:04

Chassez le naturel, il revient au galop. Dans sa nouvelle formule, son nouveau concept, le journal Le Monde s'était engagé à faire plus court, plus ramassé, plus magazine et - surtout - plus direct et moins allusif dans son expression. Une grande part de ses engagements sont tenus : désormais, pour 1,30 € (2,5 € en fin de semaine), on n'en a plus beaucoup.

En revanche, la propension pour l'allusion est toujours vivace. Désormais, elle passe majoritairement par les photos. La présence importante de photographies dans Le Monde ne relève en rien d'un choix éditorial mais d'un investissement hasardeux dans une imprimerie ultra-moderne qu'il faut bien maintenant rentabiliser : le lancement du Monde2 et de Matin plus répond au même souci économique.

La photographie permet désormais à la rédaction du Monde de distiller ses avis, ses recommandations, ses leçons de morale, sans passer par le choix des termes, des tournures, des titres, comme c'était le cas auparavant. Le problème est que l'utilisation de l'image à des fins éditoriales est autrement plus préoccupante que l'instillation d'un opinion dans un article écrit. Même l'allusion réclame une certaine cohérence dès lors qu'on est à l'écrit, sauf à s'écarter de toute pertinence. A une image, on peut faire dire tout ce qu'on veut. On pourra toujours trouver une photo de Gandhi, ou de mère Théresa, les montrant agressifs et menaçants ; il y aura bien un cliché où Hitler, Staline, et Pol Pot, apparaissent patelins et débonnaires.

Utiliser la photographie à des fins éditoriales, c'est se placer dans un champ d'action dont les limites sont formées par la propagande et la manipulation : c'est donc un choix très risqué.

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25 avril 2007 3 25 /04 /avril /2007 18:32

Le succès de Nicolas Sarkozy - jusqu'à présent en tout cas - met cruellement en lumière l'incapacité de Rocard à surpasser Mitterrand. Dans le même contexte, la même situation à l'égard d'un président qui ne les supportait pas et oeuvrait à leur perte, Sarkozy a réussi à éliminer et surpasser Jacques Chirac, alors que Rocard est toujours resté tétanisé, au milieu du gué, alternant entre coups d'audace et soumission à l'égard de Mitterrand.

Mitterrand et Chirac... le premier a eu la chance de ne pas avoir un homme politique de la trempe de Nicolas Sarkozy sur sa route ; le second la malchance de ne pas croiser le chemin d'un Rocard dans son propre camp. Dans le premier cas, Mitterrand n'aura jamais été réélu (peut-être même pas élu du tout) ; dans le second, Chirac se sûrement présenté pour un troisième mandat...

Dans la course à l'histoire dans laquelle Jacques Chirac s'est lancé vis-à-vis de Mitterrand, resteront les 31 %, les 11 millions d'électeurs obtenus par Nicolas Sarkozy, en dépit de tous ses efforts pour torpiller la candidature de ce dernier.

Le parcours de Michel Rocard, son échec, ne peut que faire réfléchir aux handicaps de la deuxième gauche : faut-il conclure qu'à l'instar de Mendès France et de Rocard, les leaders de la sociale-démocratie sont condamnés à l'échec en France ? Ou bien faut-il considérer que l'insuccès des deux derniers ne relève que de leur personnalité ? Peut-être aussi que l'attrait qu'ils ont suscité reposait sur leur personnalité et sur leur refus des compromissions.

Pourtant, accéder au pouvoir réclame des compromissions ; les refuser est un gage d'inscription dans les manuels d'histoire au titre des hommes purs. Peut-être la deuxième gauche a-t-elle seulement besoin aujourd'hui d'un leader politique suffisamment habile pour accéder au sommet de l'Etat, et engager les réformes qu'elle promet depuis si longtemps.

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23 avril 2007 1 23 /04 /avril /2007 19:32

Comme souvent, on a tendance à confondre événements conjoncturels et mouvements de fond. La même erreur est faite aujourd'hui avec François Bayrou que celle commise avec l'extrême gauche à la suite de l'élection présidentielle de 2002.

Après l'éviction de Lionel Jospin, beaucoup ont cru que le score de l'extrême gauche relevait d'un mouvement de fond de la société française : c'est sur cette conviction que Laurent Fabius a adossé sa stratégie de "gauchisation" pour prendre le PS, en particulier en prenant position contre la Constitution européenne. En réalité, l'extrême gauche s'est trouvé à ce niveau en raison de l'erreur stratégique commise par Lionel Jospin : cherchant à accroître au maximum son réservoir de voix, il s'est trouvé exclu du second tour.

Il en est également ainsi aujourd'hui avec François Bayrou : on prend pour un mouvement de fond de l'électorat français ce qui ne relève en réalité que du manque de crédibilité de la candidature de Ségolène Royal, et d'un effet de transferts des voix sur la candidature du chef du parti centriste. Le PS se serait donné Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn comme candidat que François Bayrou n'aurait jamais décollé dans les sondages.

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23 avril 2007 1 23 /04 /avril /2007 10:55

Honneur aux perdants tout d'abord. Contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer, François Bayrou a maintenu sa position au premier tour. On a beau considérer stérile son projet politique, et oiseux son positionnement idéologique, il est difficile toutefois de s'empêcher d'être admiratif devant l'exploit électoral. A partir de peu (un parti à l'audience confidentielle, un appareil réduit, des soutiens improbables), il a réussi par sa seule personnalité, son discours, à sortir de l'anonymat relatif de la campagne. Ses diatribes contre les médias ont porté, et lui ont valu un traitement de faveur. Chapeau donc.

Il ne s'en trouve pas moins dans une impasse. Les élections législatives se tiennent immédiatement après la présidentielle et les candidats sortants de l'UDF sont tous issus de la droite parlementaire. Si François Bayrou soutient Ségolène Royal (plus ou moins officiellement), l'UDF ne pourra pas, durant les législatives, compter sur des accords de désistement avec l'UMP qui lui ferait payer sa trahison, ce qui signifierait une défaite probable pour une part importante des quarante députés de l'UDF. Or les hommes politiques n'ont pas le sens du sacrifice : dès lors que leur champion n'a pas passé le 1er tour, les députés UDF ne songent désormais plus qu'à leur réélection... qui passe par des accords de désistement avec l'UMP. Si - au contraire - il soutient Nicolas Sarkozy, il tourne alors le dos à toute l'argumentation martelée durant la campagne électorale : comment justifier de soutenir Sarkozy quand, quelques jours auparavant, on annonçait prendre un premier ministre de gauche une fois élu ? Selon toutes probabilités, François Bayrou devrait se rabattre sur le tropisme habituel du centrisme : les prises de positions à géométrie variable, soutenant sans soutenir, changeant d'avis sans se renier...

L'autre grand perdant du 1er tour de l'élection présidentielle de 2007, il ne faut pas l'oublier, c'est Lionel Jospin. Comment ne pas l'imaginer amer et sombre devant la présence de Ségolène Royal au 2ème tour. Ce n'est pas là une question idéologique, mais déontologique, presque morale. Lui qui a fondé sa vie sur le combat politique, l'opposition des idées, la rigueur intellectuelle, la probité, le devoir de vérité asséné jusqu'à la grisaille, voit l'exact opposé de tout ce en quoi il croît purger son échec de 2002... C'est précisément son incapacité à rassembler la gauche, son échec donc, qui a permis que la candidature de Ségolène Royal - fondée sur l'image, l'empathie, l'instinct, la réactivité émotionnelle - soit portée par les électeurs qui lui ont fait tant défaut... par crainte justement de voir se rééditer le séisme de 2002.

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20 avril 2007 5 20 /04 /avril /2007 12:00

Les profanations de sépultures, comme à chaque fois, soulèvent le coeur, révoltent et embuent les yeux de larmes. Pourquoi, pourrait-on se demander, être à se point affecté par l'irrespect marqué à ceux qui ne sont plus alors que le sort des vivants serait autrement plus important ?

Le respect dû aux morts, aux dépouilles, est une part inaliénable de notre humanité. Quelle autre espèce vivante procède ainsi ? Respecter les sépultures, c'est admettre que le combat de la vie a cessé, que celui qui est mort n'a plus les moyens de se battre, de se défendre, de se protéger. Protéger les morts, c'est protéger les faibles, c'est admettre l'humanité de l'Autre, et par là-même la sienne et les engagements qu'elle réclame. Admettre son humanité, c'est reconnaître certaines des valeurs communes à l'espèce humaine. Les sociétés, les époques, les gens qui ne respectent pas les morts témoignent concomitamment autant de mépris pour les vivants.

Les profanations de sépultures sont une insulte à notre humanité, la marque indigne de la permanence de la barbarie dans le corps social. Quoi de plus lâche que de s'attaquer à un mort ? Briser une tombe, ou ne pas s'indigner qu'elle le soit, c'est faire la preuve de l'existence dans l'âme du coupable, ou au sein de la société à laquelle il appartient, des ressorts qui mènent au génocide : par delà la haine, c'est la volonté même de la dénagation de l'existence de l'Autre qui se manifeste, même dans la mort.

Les nazis ont inauguré leur oeuvre sinistre en pavant les rues allemandes de pierres tombales juives ; ils l'ont close en brûlant les corps de leurs victimes pour leur dénier la dernière part d'humanité qui leur restait... leur corps ou leur nom. Certaines tombes sont vides, seul le nom y figure pour attester de la présence sur terre de celui qui fût, de son appartenance à l'Humanité.

Enterrer les morts, respecter leur dépouille, leur tombe, le nom qui est inscrit dessus, c'est admettre et faire sien le socle inaliénable du statut d'être humain.

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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 10:45

La France a peur. De l'insécurité ? De l'avenir ? De l'international ? Assez peu, tout compte fait. La France, en fait, a peur d'agir. Cette trouille permanente s'observe à tous les niveaux de responsabilité et dans tous les domaines d'activité. Le plus sûr moyen de ralentir une carrière professionnelle aujourd'hui est d'être débordant d'idées et d'initiatives, de bousculer les idées reçues, d'oser, d'entreprendre.

Nous nous sommes installés dans l'ère de l'ouverture du parapluie, de la ceinture et des bretelles. Tout les prétextes sont bons : la crainte de renverser les hiérarchies, la peur des petits chefs d'être débordés par leurs subordonnés, la peur des syndicats (ah... les syndicats, quelle merveilleuse excuse pour ne rien faire...), la peur, la peur, la peur... la France est transie de peur.

Beaucoup d'explications peuvent être apportées à ce phénomène pour le moins étonnant. On avancera ici que nous payons aujourd'hui la succession de quatre mandats présidentiels "contemplatifs". En France, tout vient du haut. On peut s'en féliciter ou le regretter, mais c'est ainsi ; et il y a peu de chance que cela change à court ou moyen termes. Tout vient du sommet de l'Etat, du président de la République, donc.

Or, durant les vingt-cinq années qui viennent de s'écouler (trois septennats et un quinquennat), les deux présidents de la République qui ont dirigé la France ont montré qu'ils avaient comme point commun la conviction que le pouvoir politique est impuissant à modifier la société, qu'il ne peut qu'accompagner les changements en cours en brusquant aussi peu que possible le corps social. Ajoutons que ce n'est pas propre à la France : le président Clinton était du même bois, qui a déclaré dans un de ces accès de franchise qui le caractérisaient n'avoir quasiment aucun possibilité d'inflexion sur la vie du pays qu'il dirige.

Cette philosophie de l'impuissance, et donc du renoncement, s'est imprégnée durant un quart de siècle dans notre pays : rien ne sert d'essayer puiqu'au final les choses se feront d'elles-mêmes. On rappelle souvent la formule prêtée à Henri Queille, président du conseil sous la IVème République : "Il n'y a pas de problèmes qu'une absence de solution ne puisse résoudre." L'idée n'est pas absurde : il est parfois des problèmes qui se résolvent par eux-mêmes sans qu'un volontarisme débridé soit nécessaire. Le problème vient de l'installation permanente de cette théorie au plus haut niveau de l'Etat, c'est cela que nous payons aujourd'hui.

C'est à cette aune aussi qu'il faut juger les candidats à l'élection présidentielle. C'est en regard de ce critère qu'il faut évaluer les critiques faites à Nicolas Sarkozy : c'est parce que sa philosophie de l'action s'inscrit en totale contradiction avec les moeurs politiques installées en France qu'on lui prête des travers de fébrilité, d'agitation, de nervosité. En comparaison de l'immobilisme passé, sa soif d'action est en effet tonitruante. C'est - à l'inverse - précisément pour cette raison-là qu'il va recueillir de nombreuses voix bien au-delà de son camp, et même issues des rang de la gauche, dès le premier tour.

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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 09:39

L'un des arguments invoqués pour villipender les appels du pied répétés de Nicolas Sarkozy aux électeurs du Front national est que Jacques Chirac, lui, se serait toujours gardé de toute compromission avec le parti de Jean-Marie Le Pen. Outre que cette affirmation n'est pas tout à fait exacte (il est historiquement attesté désormais qu'il a rencontré Jean-Marie Le Pen à plusieurs reprises dans des périodes électorales), il faut rappeller que la présence du président du Front national au 2ème tour de l'élection présidentielle de 2002 l'a dispensé des arrangements nécessaires sans lesquels il n'aurait pas pu être réélu.

Si l'on écarte les voix qui se sont portées sur Jean Saint-Josse, parce qu'il est impossible de les classer à droite ou à gauche, les résultats du 1er tour de l'élection présidentielle de 2002 sont édifiants. La gauche (Gluckstein, Taubira, Mamère, Jospin, Hue, Chevènement, Laguiller, Besancenot) a recueilli 12,2 millions de voix ; la droite (Mégret, Lepage, Bayrou, Chirac, Le Pen, Boutin, Madelin) en a obtenu 15 millions.

Or, sans les suffrages obtenus par Le Pen, le score de la droite se porte à 10,2 millions de voix, soit un réservoir de voix inférieur de 2 millions à celui de la gauche. Dans ces conditions, la simple arithmétique électorale indique qu'affronté à un candidat républicain au 2ème tour de la présidentielle de 2002, Jacques Chirac aurait dû faire en sorte de capter une part importante des voix du Front national pour être élu.

Napoléon disait que les grands hommes politiques étaient rares parce qu'il faut faire preuve de bassesse pour conquérir le pouvoir et de grandeur pour l'exercer, et que rares sont les hommes qui ont en eux à la fois de la bassesse et de la grandeur. Nicolas Sarkozy ne peut être élu sans les voix qui se portent habituellement sur le Front national ; toute la question est de savoir si c'est lui qui ramènera ces électeurs vers des positions républicaines ou si ce sont ces derniers qui vont le tirer vers l'extrême-droite. Comme le disait Edouard Herriot, ancien maire de Lyon : "La politique, c'est comme l'andouillette : ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop".

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